Vidéo : Le récit contemporain des effondrements est-il crédible ?

Comment notre société raconte-t-elle sa propre fin ? Sur fond de changement climatique, de crises géopolitiques et économiques, et face à la crainte d'une « perte des valeurs », Nathalie Dompnier (Présidente de l'Université Lumière Lyon 2 et professeure de sciences politiques) et Pierre Dockès (spécialiste d’économie politique et de l’Histoire de la pensée économique) discutaient lors des Journées de l'UCLy de la manière dont l'effondrement est raconté dans nos sociétés. Découvrez notre résumé vidéo !

Table ronde des Journées de l'UCLy entre Nathalie Dompnier et Pierre Dockès

« Il y a un problème pour notre système économique, un problème pour notre civilisation et un problème pour notre planète. » Le décor est posé ! Pour la première table ronde des Journées de l’UCLy, Pierre Dockès (historien spécialiste de l'Histoire de la pensée économique) et Nathalie Dompnier (Présidente de l'Université Lyon 2, professeure en sciences politiques) ont décrypté notre perception de l’avenir, face au récit de l’effondrement. « Attention, il s’agit bien de récits d’effondrement » clarifie Nathalie Dompnier devant l’auditoire de l’amphi Mérieux. « Nous ne sommes pas en train de parler d’un phénomène, mais de la manière dont l’effondrement est raconté dans notre société. »

Pour certains, la notion d’effondrement est présentée comme inévitable, pour d’autres elle est impensable. Des récits opposés, voire même mutuellement inintelligibles, qui rendent impossible l’apaisement au sein de la société. Comment les décrypter ?

Un déclin trop pratique ?

Lors de la conférence inaugurale des Journées de l’UCLy, l’ancienne Ministre des Armées Florence Parly affirmait : « il faut lutter contre le déclinisme, puisque le déclinisme appelle de lui-même le déclin. C’est un poison lent dans le débat démocratique. Il nie toute capacité à progresser à l’avenir et à infléchir notre destin. »

C’est cette tendance au déclinisme que cherche à déconstruire Nathalie Dompnier. « À partir du moment où l’on parle d’un récit de l’effondrement, on est dans un mouvement politique, dans la construction d’une idéologie. » Une idéologie qui trouve, c’est ironique, un intérêt à percevoir un déclin. « Le déclinisme nous renvoie souvent à une vision nostalgique. Nous aurions eu, apparemment, un âge d’or ? Ces récits nous renvoient aussi souvent à une idéologie de la décadence. La perte des valeurs traditionnelles serait la source de tous les maux. »

La fin des valeurs, un discours décliniste ?

On le sait tous, les jeunes d’aujourd’hui ne respectent plus rien… Tout comme d’ailleurs les jeunes d’hier et d’avant-hier !

« La ‘fin des valeurs’ fait partie des discours de l’effondrement » observe la Professeure Nathalie Dompnier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les rumeurs de la mort des valeurs semblent très exagérées… « Dans des meta-études réalisées sur les quinze dernières années, on observe une très forte confiance dans autrui, ce qui n’est pas très intuitif avec l’idée d’un repli individualiste. Le souci des autres est également en progression. »

Pour la chercheuse, les choses sont claires : « Il n’y a pas d’effondrement des valeurs. Les valeurs se transforment mais elles ne s’effondrent pas ! »

Sortir de la crise perpétuelle

« Depuis que je fais de l’économie, il n’y a pas une année qui n’ai pas été une crise » s’amuse Pierre Dockès. « Il faut faire attention à ce que l’on veut dire par crise. Pour les économistes c'est essentiellement un moment paroxystique, un moment qui pourrait, ou pas, présider à un effondrement. C'est un moment court, brutal. » Par définition, la crise prolongée n'en est donc pas une... En revanche, la perception de cet échec constant est peut-être le symptôme d'un moment décisif à venir.

« Les défis que nous rencontrons, qui sont considérables, peuvent tout à fait nous amener à une réponse. Il ne faut pas oublier qu’il peut y avoir un rebond » note Pierre Dockès. Les exemples historiques d’une crise ayant abouti à des transformations positives ne manquent d’ailleurs pas. En somme, tout est selon l’historien une question d’équilibre : « Il ne faut pas que le défi soit trop faible, parce qu’il ne suscite pas de réactions. Il ne faut pas que le défi soit trop fort parce qu’on ne peut pas avoir une réponse à la hauteur. »

De ces constatations émerge un programme taillé sur mesure pour l'Université et la Recherche. Il faut désormais dépasser les récits apocalyptiques et privilégier l'analyse de ces équilibres et les outils à notre disposition. Passer de la peur paralysante de l’effondrement aux moyens de la transformation. « Dire transformation, c’est prendre le temps d’analyser, de comprendre, de prendre du recul » rappelle Nathalie Dompnier. « C’est un grand défi de notre société de produire des connaissances fiables pour que les citoyens, les décideurs, les collectifs puissent s’en saisir pour penser la société de demain. »

Retour sur les Journées de l'UCLy

Vidéo : Alain Bernard aux Journées de l'UCLy

A quelques semaines des Jeux Olympiques de Paris, l’ancien nageur Alain Bernard, double champion et quadruple médaillé olympique, participait aux Journées de l’UCLy pour apporter sa vision sur la question des vulnérabilités. En dialogue avec Quentin Vieira, étudiant de l’UCLy et membre de l’équipe de France de para-natation, il a apporté ses éclairages sur la discipline et les challenges de la vie de sportif de haut niveau. Retrouvez leurs témoignages en vidéo.

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