Thèse de Clément Kokou NONFODJI : Le rôle politique des missionnaires catholiques au Dahomey (1841-1913) : Catholicisme et construction d’espace étatique

Clément Kokou NONFODJI a soutenu sa thèse le mercredi 4 décembre 2024 à 14h00 en salle K025 (Campus Carnot).

Jury :
Bertrand PINÇON
, président, Université Catholique de Lyon (UCLy)
Daniel MOULINET, directeur, UCLy
Jean-Claude ANGOULA, ICP, Paris
Gonzague de LONGCAMP, UCLy

Résumé de la thèse

À partir de 1841, dans un contexte géopolitique des rivalités commerciales entre le Portugal, l’Allemagne, l’Angleterre et la France, les négociants français, installés à Ouidah, soutenus par des politiques français, ont recours aux missionnaires catholiques pour l’évangélisation du Dahomey dans le but d’y accroître l’influence française. Le Saint-Siège répond à cet appel non pas pour des raisons politiques et commerciales mais au nom de la théologie de l’espace, c’est-à-dire de l’impératif de l’expansion missionnaire dans les contrées où l’Évangile n’est pas encore annoncé. Il confie alors la juridiction ecclésiastique du Dahomey par le bref pontifical du 28 août 1860, aux Pères de la Société des Missions Africaines. Appelés dans ce contexte à évangéliser les Dahoméens, et munis de la théologie de leur temps, ils ont estimé que leur projet était incompatible avec les coutumes danhoméennes comme les sacrifices humains, la réduction en esclavage et la religion traditionnelle qu’est le vodun. Leur apostolat s’est donc donné pour visée de “libérer” le peuple danhoméen de tout ce qu’ils jugeaient être des formes de servitude, pour l’introduire dans une “civilisation chrétienne”. Ils encouragent ainsi, à partir de 1889, la conquête coloniale du Dahomey pour des raisons avant tout religieuses. Après la chute de la monarchie danhoméenne en 1893, une ère nouvelle d’évangélisation s’est ouverte au Dahomey où le mouvement vers le catholicisme s’est accentué. Développant une stratégie raisonnée, ils se sont lancés dans l’appropriation territoriale du Dahomey, en commençant par couvrir sa partie méridionale, plus facilement accessible, de stations missionnaires, d’écoles, de fermes et d’œuvres d’éducation de l’enfance. Ils parviennent en 1913, à favoriser l’émergence de l’élite dahoméenne et à poser les jalons de la future nation dahoméenne, en formant des communautés chrétiennes avec des peuples d’ethnies différentes.