Dans le cadre du cours de Théâtre proposé en L2 de Lettres Modernes, les étudiantes et étudiants participent à des rencontres avec des professionnels du spectacle vivant (metteurs et metteuses en scène, acteurs et actrices, dramaturges, etc.) Les échanges pour cette année 2024-2025 se sont déroulés au prestigieux Théâtre des Célestins.
Rencontre autour des Fausses Confidences
Le vendredi 15 novembre, la Grande Salle des Célestins a ouvert ses portes aux étudiantes et étudiants pour une rencontre autour du spectacle Les Fausses Confidences. Cette comédie de Marivaux, mise en scène par Alain Françon, met en lumière les jeux de l’amour et de la manipulation. Le tout à travers des dialogues subtils et rythmés. Situations rocambolesques et intrigues font peu à peu tomber les masques sociaux.
Lors de cette matinée, Gilles Privat, qui interprète le rôle de Dubois, et Alain Françon, metteur en scène, partagent leur vision de la pièce et dévoilent les coulisses de leur travail. Cette rencontre est l’occasion pour les étudiants et étudiantes d’interroger directement les artistes sur l’art de faire vivre un texte classique au sein d’une mise en scène contemporaine. Alain Françon explique notamment comment il a choisi de jouer sur la simplicité des décors pour recentrer l’attention sur la langue de Marivaux.
Gilles Privat, quant à lui, revient sur l'importance de l’interprétation pour faire entendre les subtilités des dialogues. Il explique notamment que la langue de Marivaux est très construite. Binaire ou ternaire. Rien n’est laissé au hasard chez Marivaux. Tout est très précis.
Enfin, cette rencontre a été l’occasion pour les étudiants et étudiantes d’échanger sur la modernité de Marivaux. D'évoquer ainsi la direction des acteurs et le travail d’interprétation d’un texte si riche en nuances.
Rencontre autour d’Article 353 du Code pénal
Deux semaines plus tard, le vendredi 29 novembre, les étudiantes et étudiants ont assisté à une nouvelle rencontre au Théâtre des Célestins. Rencontre autour de la pièce Article 353 du Code pénal, adaptée du roman de Tanguy Viel. Cette œuvre raconte l’histoire sombre et poignante de Martial Kermeur, quinquagénaire licencié de l’arsenal, qui jette à la mer le corps de l’agent immobilier qui l’a trompé. Dans ce huis clos intime, le juge écoute le récit de toute une vie avant de rendre son verdict.
Pour cette rencontre à la Célestine, les étudiants et étudiantes ont pu échanger avec Emmanuel Noblet, metteur en scène et interprète du juge. Ils ont pu ainsi questionner les choix de mise en scène, les thèmes du spectacle, et la manière dont le théâtre peut se faire l’écho des enjeux sociaux actuels.
Rencontre autour de la pièce Sur l’autre rive
Nouvelle rencontre au Théâtre des Célestins vendredi 7 février autour de la pièce Sur l’autre rive, mise en scène par Cyril Teste. Librement inspirée de Platonov de Tchekhov, la pièce s’est jouée du 30 janvier au 8 février 2025.
Lors de cette rencontre, les étudiantes et étudiants ont échangé avec Vincent Berger, comédien, Sylvère Santin, assistant metteur en scène, et Aude Martino, chargée de communication du Collectif MxM.
Une adaptation de Platonov
La pièce Sur l’autre rive est librement adaptée de Platonov. On y trouve également des références à d’autres pièces de Tchekhov. Il y a beaucoup de coupes, notamment sur les monologues, l’ordre des scènes a été changé, certains personnages retirés. Enfin, la pièce originale se déroule en 4 mois quand ici elle est resserrée en une soirée. Sylvère Santin nous explique que Platonov a été écrite par Tchekhov à l’âge de 17 ans, qu’elle n’est pas achevée, et qu’elle a été retrouvée dans un tiroir après la mort de l’auteur.
Cyril Teste avait ici envie de moderniser la langue et le propos. Le désir de montrer de la saturation, avec beaucoup de monde sur le plateau, beaucoup de son et d’images, dans le but de souligner la démesure des figures de la bourgeoisie.
« Pas tant pour dénoncer une société, mais plutôt pour gratter ou décoller un filtre et se dire que peut-être ce n’est pas si bien » confie Sylvère Santin.
Vincent Berger explique que c’est toujours intéressant de jouer la démesure pour un comédien. Il ajoute que Tchekhov, que ce soit dans ses pièces ou ses nouvelles, ne juge jamais ses personnages mais préfère plutôt les décrire.
Enfin, Sylvère Santin raconte qu’il y avait une volonté du metteur en scène de recréer une véritable fête sur le plateau. Pour cela, ils convient à chaque représentation des personnes du public sur scène pour jouer les invités. C’est pour le public une véritable expérience immersive. Ils sont dirigés par les comédiennes et comédiens, avec pour seule directive : « vous êtes invité.es à une soirée ».
La performance filmique
Pour cette pièce, Cyril Teste utilise la caméra pour filmer au plus près les émotions des personnages. Plusieurs étudiantes et étudiants avaient des questions à ce sujet : « Est-ce que la caméra change le jeu d’acteur ? Toutes les images sont-elles en live ? Est-ce que jouer avec une caméra est contraignant ? »
Vincent Berger explique que le spectacle est créé avec ces contraintes, donc tout le monde s’adapte. De plus, les comédiens s’habituent rapidement à la présence des caméras. C’est plus le micro qui peut changer le jeu d’acteur, car la façon de poser la voix sera différente.
Sylvère Santin complète en précisant que les comédiens ne voient pas les images afin de ne pas se juger ou changer leur façon de jouer. Il confirme qu’il n’y a aucun enregistrement : toutes les images sont prises en direct, ce qui demande un travail considérable aux techniciens (lumière, caméras, filtres…).
La performance filmique, c’est comme la réalisation d’un film en direct, un film qui va durer le temps du spectacle.
L’avenir du théâtre
À la fin de la représentation à laquelle les étudiantes et étudiants ont assisté, la troupe a fait mention de la baisse des subventions de l’État. Un étudiant pose donc la question des conséquences et des implications pour le monde du théâtre. Aude Martino explique que ce spectacle, par exemple, devait faire une centaine de dates et qu’ils ne pourront finalement en faire qu’une soixantaine.
L’équipe explique qu’avec un budget moindre pour la culture, moins de spectacles seront programmés dans les salles. Les plus petits théâtres seront les premiers et les plus touchés. Et cela conditionnera forcément, à terme, les choix de création.
Une ouverture sur le monde du théâtre
Ces deux rencontres au Théâtre des Célestins ne se limitent pas à la simple analyse des pièces. Elles permettent aux étudiants et étudiantes de découvrir de manière concrète les différents métiers du théâtre. De la mise en scène au jeu d’acteur, en passant par la scénographie. De plus, ce dialogue direct avec des professionnels constitue une opportunité précieuse pour des étudiants et étudiantes passionnés de littérature et de théâtre.
Le cours de Théâtre à l’UCLy conjugue approche théorique et pratique. Il s’inscrit ainsi parfaitement dans cette dynamique d’ouverture culturelle. En étudiant des œuvres portées sur la scène et en assistant à ces échanges, les étudiants et étudiantes apprennent à lire les enjeux esthétiques, philosophiques et humains propres au théâtre.
Un pont entre théorie et pratique
Pour les futurs professionnels des métiers des lettres et des arts, ces rencontres viennent enrichir leur formation. Comprendre le théâtre ne passe pas uniquement par les textes. C'est aussi par sa mise en voix, sa mise en espace et le dialogue qu’il tisse avec la société. Ce cours invite à découvrir l’histoire du théâtre et ses différentes formes dramatiques et architecturales. Mais aussi à en étudier les enjeux dramaturgiques et scénographiques. Enfin, réfléchir au chemin qui mène du texte écrit à sa représentation sur scène.
Ainsi, les rencontres au Théâtre des Célestins demeurent un temps fort pour les étudiantes et les étudiants de Lettres Modernes. Elles offrent une véritable immersion dans la réalité théâtrale, tout en leur permettant de rencontrer des artistes passionnés et de nourrir leur réflexion sur l’art dramatique.
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