Les objectifs de l’Institut Pierre Gardette

La volonté de transmettre un patrimoine linguistique

Une réponse à une attente

Actuellement, certaines personnes possédant un attachement pour ces langues rhônalpines, parfois entendues dans leur enfance, souhaitent en apprendre davantage sur ce sujet. De plus, la présence de ces langues est encore bien visible dans le vocabulaire du quotidien des habitants de la région, notamment les noms de lieux, sans que cela ne soit connu. C’est particulièrement le cas du francoprovençal, qui ne bénéficie pas toujours du rayonnement accordé à l’occitan ou à la langue d'oïl. 

Une des missions de l’Institut Pierre Gardette est ainsi d’assurer la connaissance et la transmission de ce patrimoine linguistique, avant tout immatériel, à des générations intéressées.

Un patrimoine linguistique reconnu par le Vatican

De nos jours, la transmission du francoprovençal est devenue très rare au sein des familles. Les disparitions successives des dernières personnes parlant cette langue de l’ancienne région Rhône-Alpes en sont notamment la cause. Néanmoins, la France connaît depuis une quinzaine d’années un véritable regain d’intérêt pour ses langues régionales. Nous assistons, à présent, à une reconnaissance de ces langues comme en témoigne la parution de l’ouvrage “L’Echentà’’ en 2008 qui recueille des passages traduits en francoprovençal du livre de l’Ecclésiaste.

Pour cette parution, l’accord du Vatican a été nécessaire, car cet ouvrage possède des traductions de passages de la Bible en francoprovençal. Ces traductions ont été acceptées. De ce fait, il est possible d’affirmer que l'Eglise de Rome reconnaît le francoprovençal comme une langue depuis la fin des années 2000. Cette reconnaissance du francoprovençal par le Vatican s’est renouvelée le 3 novembre 2010. Benoit XVI fit le choix de consacrer son audience générale à Marguerite d’Oingt, mystique et écrivaine du XIIIème siècle originaire de l’actuel département du Rhône. Lors de cette audience, le Pape a fait mention du mot francoprovençal en Italien, la langue maternelle de Marguerite d’Oingt dans laquelle elle a écrit certains de ses textes.

Les coopérations avec les structures sur le terrain

Pour valoriser le francoprovençal, l’Institut collabore étroitement avec des associations comme :

Les actions auprès du public

Depuis quelques années, l’Institut participe aux écoles d’été organisées par le Centre d’Etude Francoprovençales « René Willien » (CEFP) de la Vallée d’Aoste. Il participe également, tous les deux ans, à la biennale des langues de Lyon (la caravane des 10 mots) ainsi qu’à des colloques scientifiques.

L’institut veille à participer à des conférences grands publics organisées par l'Union départementale Patrimoine des pays de l'Ain (PPA) concernant la transmission du francoprovençal.

Photographie d’une conférence lors d’une journée thématique organisée par l’Union départementale Patrimoine des pays de l’Ain (PPA) en avril 2023 nommée « La langue historique de notre département : le francoprovençal ».

L’institut contribue à six cours sur le parler lyonnais par an aux membres de la Société des Amis de Lyon et de Guignol. Ces cours, qui ont lieu au sein d’un amphithéâtre de l’Université Catholique de Lyon, accueillent jusqu’à 200 personnes par séance. Ce nombre de personnes toujours plus importants d’années en années illustre l’intérêt du public vis-à-vis des langues rhônalpines.

Par l’ensemble de son travail scientifique et de ses actions sur le terrain, l’institut Pierre Gardette réalise plus que des études linguistiques, il accompli un véritable un travail mémoriel.
Un des souhaits de l’Institut est de voir un jour le francoprovençal enseigné dans des établissements d’enseignement présents au sein de l’ancienne région Rhône-Alpes et de la Vallée d’Aoste.

Aider la recherche et les chercheurs de demain

Comme tout territoire, le territoire rhônalpin a connu des arrivées successives de population. Cela a engendré des transformations du territoire ainsi que l’emploi de langues nouvelles. L’ensemble de ces événements a, inéluctablement, entrainé des changements de désignations de l’espace.

La toponymie…

En linguistique, ces désignations de l’espace se nomment des toponymes. La base étymologique de ces termes peut être très ancienne et remonter parfois, sur notre territoire, à l’époque préceltique. Il est possible d’observer que les racines de ces toponymes sont parfois similaires à des mots possédant le même sens et qui sont utilisés dans des zones géographiques parfois éloignées de milliers de kilomètres.

Il existe également la microtoponymie. La microtoponymie est considérée comme une catégorie de la toponymie relative aux noms de lieux-dits, de hameaux voire de parcelles. Les formes en langues régionales de ces éléments sont les formes les plus proches de la base étymologique et sont, le plus souvent, seulement connus dans la mémoire des locuteurs.

…Une discipline intéressante

Certains de nos chercheurs s’intéressent à ces questions. Ils souhaitent empêcher l’oubli de noms de lieux qui ont parfois une origine qui remonte à plusieurs millénaires et qui sont, de ce fait, un témoignage linguistique. De par leur histoire et leur signification, ces mots représentent un pan important du patrimoine rhônalpin. Sans ce travail de recensement à la fois linguistique et historique, les futures études de chercheurs sur le territoire rhônalpin pourraient s'avérer incomplètes suite à la perte de ces informations. Ces recherches permettent aussi de contribuer plus généralement au développement de la connaissance du langage humain.

C’est donc pour soutenir l’avenir des recherches entreprises sur la région Auvergne-Rhône-Alpes que les chercheurs de l’Institut Pierre Gardette collectent le plus d’informations possibles sur ce sujet.

Le résultat de ces recherches sont visibles dans certaines publications de l’IPG. L’Institut s’est notamment intéressé aux microtoponymes présents au sein de la commune aindinoises de Manziat.

Découvrir l’ouvrage sur les microtoponymes de Manziat