Projet Oscar Gone Wild par les L2 Lettres modernes mineure Métiers de la culture

Oscar Gone Wild : Quand les tableaux se donnent en spectacle

Dans le cadre du cours Conduite de projet culturel, les L2 de Lettres modernes mineure Métiers de la culture proposent cette année un projet en partenariat avec le Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Le projet Oscar Gone Wild propose un parcours guidé au sein du musée dans lequel les étudiants invitent le public à découvrir les œuvres sous une nouvelle approche. Comment ? En mélangeant les pratiques artistiques : musique classique, DJ set, théâtre, peinture… se mêlent afin de proposer une expérience immersive.

Les étudiantes et étudiants ont pu proposer deux représentations :

  • Jeudi 13 mars, à l’occasion de la Nocturne étudiante du musée.
  • Samedi 5 avril pour 4 visites au Musée des Beaux-Arts.

Les œuvres

  • Le Réveil de Juliette d’Albert Maignan. Trois comédiennes interprètent un arrangement de deux textes classiques : Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand et Roméo et Juliette de Shakespeare.
  • L’Inspiration d’Henri Martin. Une composition à la harpe réalisée pour l’événement vient évoquer l’inspiration du poète. La représentation propose une expérience immersive face à l’œuvre, plongeant le public dans l’univers créateur du poète.
  • Peinture de Simon Hantaï. Une composition réalisée par un compositeur de techno industrielle. Une musicalité destructrice qui fait écho au chaos de l’œuvre.
  • Scène de Bataille dite « Charles VIII recevant la couronne de Naples » de Francesco Bassano. Déclamation du poème Un enfant est né, qui évoque le tragique de la guerre.
  • Épisode de la campagne de Russie de Nicolas Toussaint Charlet. Mis à l’honneur par des choristes du chœur d’Oratorio de Lyon dans deux pièces a capella : Heraclitus de Stanford et Nothern Lights de Gjeilo.

L’équipe

L’équipe du projet Oscar Gone Wild se compose de 7 étudiantes et étudiants de la Licence de Lettres modernes mineure Métiers de la culture :

  • Ambre, Pôle financier
  • Axel, Chef de projet, chargé des relations et partenariats
  • Cassandre, Rédactrice
  • Élénor, Graphiste
  • Julianne, Graphiste
  • Mila, Chargée de la scénographie
  • Rachel, Chargée de la communication

L’interview de Mila et Axel

Pouvez-vous nous expliquer comment est né le projet Oscar Gone Wild ?

Axel : Le projet Oscar Gone Wild est né par nécessité. On est en mineure Métiers de la culture, et en deuxième année, on a un cours qui s'appelle Conduite de projet culturel. La seule chose qu'on nous impose, c’est le partenariat. Après, on nous laisse carte blanche pour dérouler et créer un projet culturel.

Mila : C'est vraiment une sorte de néo-médiation, où on va associer des performances artistiques à des œuvres qu'on a choisies au préalable.

Comment s’est passée la collaboration avec le Musée des Beaux-Arts ?

Axel : La collaboration s'est très bien passée parce qu'ils ont un poste dédié. C'est Monsieur Stuccilli, qui est chargé des relations avec les études supérieures, qui s'est occupé de nous. Il était très réactif et à l'écoute.

Mila : C’est pratique parce que le Musée des Beaux-Arts est une grosse institution. Ils ont énormément de matériel et de moyens. Ils ont l'habitude de travailler avec des étudiants et ça se passe bien.

Comment avez-vous sélectionné les cinq œuvres mises à l'honneur dans votre parcours ?

Axel : On s'est promené dans les galeries du musée et on a essayé de repérer des œuvres qui nous plaisaient. Il y en avait beaucoup qui nous plaisaient, mais on a fait un choix logistique, pour ne pas avoir à parcourir des kilomètres entre chaque œuvre. Donc on s'est concentré sur le deuxième étage.

Mila : Chacun est parti repérer les œuvres avec lesquelles on sentait qu'il y avait un feeling et ensuite on a comparé. On ne pouvait pas choisir des œuvres qui étaient soit trop éloignées, soit trop proches, parce qu'on savait qu'il y aurait du son et de l'acoustique. Et forcément, si on est dans la même salle, on ne pourra pas faire des choses en même temps alors qu'il y a des sons qui se répondent tout le temps.

Pouvez-vous nous décrire les grandes lignes de l’une des prestations proposées ?

Axel : Le Réveil de Juliette est celle qu'on a déjà présentée lors de la Nocturne étudiante. C'est la seule intervention théâtrale, qui est basée sur un medley des textes de Cyrano de Bergerac et de Roméo et Juliette, sur les deux scènes de balcon.

Mila : La muséographie du tableau fait qu'ils l'ont mis juste à côté d’un balcon. Je ne sais pas s'ils l’ont fait exprès, mais je me suis dit : « C'est exactement ce qu’il nous faut ! Il nous faut une scène de balcon devant Roméo et Juliette ! »

Axel : Le but, c'était de sortir du topos de la scène du balcon, de l'amant qui courtise. Et du coup, on a fait une version saphique.

Quelle est, selon vous, la prestation la plus marquante ?

Axel : Je trouve que la plus intéressante de nos interventions est celle sur Peinture de Hantaï. C'est une composition de techno qui a été faite pour l'occasion. La composition est très évocatrice, et on n’a pas souvent l'occasion d'avoir de la techno dans un musée.

Mila : Dès que j'ai vu le tableau, j’ai pensé à un ami, qui a fait la composition. Tout de suite je me suis dit : « C'est exactement ce qu'il faut ! C'est exactement ça que je veux ! » C'est vrai que c'est mon préféré, mais c'est subjectif.

Quels défis avez-vous rencontrés pour adapter ces œuvres en performances artistiques ?

Axel : Le principal problème qu'on a rencontré, c'est qu'on a voulu faire un projet très ambitieux, qu'on était sept et qu’on n’avait pas nécessairement les qualifications artistiques suffisantes pour tout ce qu'on voulait faire. Il a fallu aller chercher des amis, des contacts à droite à gauche pour réussir à monter tout cela. Puis on a eu également des soucis logistiques, pour réussir à coordonner tout le monde. C’était l'autre point de tension, parce qu'on a tous des emplois du temps assez chargés.

La majorité des intervenants sont des amis, qui ont des compétences. On a une joueuse de harpe qui est une amie d’Élénor. Les costumes nous ont été fournis par un ami de Cassandre. Une exception est le chœur d’Oratorio : on est passé par Monsieur Davoine, un ancien professeur de l’UCLy, pour savoir s’il voulait bien venir avec son chœur. Donc ils viennent à six choristes pour un des tableaux. Et pour Le Réveil de Juliette, on n’avait pas de contact de comédiennes. C’est Quentin, qui est en L3, qui les a croisées au TNP et qui les a démarchées.

Votre première représentation s’est déroulée lors d’une nocturne du musée : quelles ont été vos impressions et celles du public ?

Mila : On était tous très stressés, parce que c’était organisé, mais ça reste du papier, voire de l'oral. On ne pouvait pas faire des vraies répétitions au Musée des Beaux-Arts.

Axel : On a eu assez peu de répétitions avec les comédiennes, deux ou trois seulement.

Mila : On ne savait pas du tout ce que ça allait donner, mais ça s’est très bien passé. On a eu de bons retours du public. Et par rapport à la Nocturne étudiante de manière générale, c’était peut-être un peu plus classique que d'autres choses, donc plus accessible.

Axel : Comme on n’intervient pas, on a pu se glisser dans le public et entendre les chuchotements aux voisins, et c'étaient des retours positifs. Le retour que j’ai préféré, c’est quelqu'un qui a reconnu le texte de Cyrano. On était très contents.

Comment préparez-vous la seconde représentation du 5 avril ? Avez-vous prévu des ajustements par rapport à la première ?

Axel : On ne la prépare pas du tout de la même façon. On est beaucoup plus nombreux : on passe de trois comédiennes à douze intervenants, six bénévoles et nous. On va faire une répétition avec les comédiennes pour revoir le texte. Les autres intervenants se préparent de leur côté et on va essayer de faire une générale le matin du jour J.

Mila : C'est compliqué parce qu'on ne peut pas s’entraîner au Musée des Beaux-Arts. On a toutes les pièces qui sont prêtes, chacune de son côté, et il faut les accorder.

En quoi pensez-vous que ce type de médiation culturelle renouvelle l’expérience muséale ?

Axel : L'idée qu'on avait avec le projet Oscar Gone Wild, c'était de dépoussiérer la visite classique au musée, de sortir du format tableau/interprétation et revenir à une vision plus centrée sur l'expérience artistique et la rencontre entre la personne et le tableau.

Mila : Le Musée des Beaux-Arts a déjà de la médiation. Ils n’ont pas besoin de nous pour expliquer ce que veut dire le tableau. Il fallait qu’on trouve quelque chose qui était intéressant pour eux et pour nous. Également pour les personnes qui vont venir aux visites.

Axel : Ce sont des formes qui se développent vraiment. C'est récent, mais ce n’est pas nous qui l'avons inventé. C'est dans l'air du temps.

Mila : Ce genre de médiation est souvent associé à l'art contemporain, car les œuvres d'art contemporain sont plus souvent axées sur le ressenti face à l'œuvre. Donc c’est plus facile de partir de ce postulat. Mais pour l’art classique ou moderne, ce sont souvent des peintures qu'on connaît déjà, mais qu'on va redécouvrir d'une autre façon.

Ce projet a-t-il conforté certaines de vos ambitions pour l’avenir dans le domaine culturel ?

Axel : Complètement ! Cela me donne vraiment envie de poursuivre en Master de direction de projets culturels.

Mila : C'est très intéressant à faire, à produire, à organiser. Et c'est vrai qu’il n’y a pas de métier plus passionnant que de créer des projets culturels.