Apprendre le français grâce à la poésie : les étudiants de l'ILCF présentent leurs travaux

A l’issue du deuxième semestre, les étudiants du groupe de l’enseignant Louis Leleu ont présenté leurs créations originales de poésie, face à un public convié pour l’occasion. Pour la dernière étape de leur atelier, ils ont récité leur poème, accompagnés d’un morceau de musique de leur choix.

Les ateliers

C’est grâce aux ateliers de Louis que ces élèves ont appris à reconnaître et écrire de la poésie française sous différentes formes. L’enseignant leur a présenté la prose, le sonnet, le calligramme, le haïku et le poème pastiche. Après avoir effectué tous ces exercices de style, ils ont pu choisir la forme qui leur parlait le plus afin de commencer leur projet personnel.

Ce projet était leur tâche finale. Avec les connaissances et le vocabulaire acquis, ils se sont lancés dans l’écriture d’un poème.

Les cours ne portaient pas seulement sur les compétences de rédaction. Le groupe a suivi des ateliers de mise en voix. Ils ont pratiqué leur intonation et leur rythme, et ils ont appris à lire avec émotion : pour certains la timidité, pour d’autres la tristesse, etc.

Mais ce qui était d’abord une activité en binôme est devenu un travail individuel, pour que chaque élève choisisse un thème lui tenant à cœur. Louis confie qu’il n’a pas été simple de se débrouiller seul et de prendre confiance. Pourtant tous ont réussi à aboutir une production personnelle unique. Pour le professeur, une consigne importait particulièrement : mettre ses émotions à nu.

Déclamation sous le signe des émotions

La consigne a été comprise et appliquée, puisque les jeunes poètes ont servi le public en sentiments. L’assemblée a assisté à des déclarations touchantes, à sa mère (« Une lettre à maman » de Grecia), ou sa grand-mère (« Un dernier adieu » pour Isabela) ; a aussi découvert les passions éclectiques du groupe (Mina et la ville, la solitude de Hojatollah, ou encore, pour Yi An, le fromage français) ; et a compati avec la nostalgie, celle pour son pays natal (« Chez moi » par Elle) ou celle d’une relation révolue (« Le temps où rien n’était encore fini » par Kristiane).

Dans les coulisses des poèmes

Le processus de création n’a pas été le même pour tous.

Hojatollah trouve l’apprentissage du français fastidieux, mais il a été plus plaisant grâce à la poésie. Comme lui, Amir est iranien. Il nous a rappelé que l’Iran est le « pays de la poésie », un art auquel il est sensible. Lui-même cinéaste, il s’est prêté au jeu avec plaisir.

Isabela a fait le choix d’écrire en prose. Son thème partant d’une situation personnelle, les sentiments forts primaient sur le style.

Ce sont les jeux de mots français qui ont plu à Cameron pendant les leçons. Le titre de son poème, « La fille ensoleillée », est issu d’une traduction littérale (a sunny person = une personne solaire). Elle a choisi de garder cette formulation qui a donné à son texte sa propre dynamique poétique.

Quant à Negin, elle a composé autour d’une métaphore, après avoir étudié les figures de style. Elle a utilisé cette technique pour exprimer la variété des sentiments amoureux dans « Les Vagues de l’amour ». Dans son récit, elle évoque les amours très intenses, les amours toxiques, les amours calmes et les amours infinies.

Lors des premiers ateliers, Grecia peinait à écrire en français. En parlant un jour avec sa mère, elle a eu l’inspiration pour le thème de sa création. De sa joie comme de sa tristesse, elle a composé un texte, étonnée par sa capacité à manipuler les mots de cette langue étrangère !

De manière générale pour cet exercice, il a fallu travailler les mots, mais aussi puiser dans son ressenti. Selon Sijia, la poésie c’est « utiliser le minimum de mots pour exprimer le maximum d’émotions ».


Les poèmes

Nocturama

 

Quand le clair de lune s’infiltre en eux

Ils se sont réveillés

Après le long soleil d’été

La nuit où tout le monde a fermé les yeux

 

Au bord de l’eau, serpent marin épineux

Sa queue se mouillait

D’un autre côté, les coyotes qui ont l’air ennuyé

Ils sont lavés des pommes pour eux

 

Regarder la main qui les lave, demi-ouvert

Ils font face à l’obscurité toute la nuit

 

Les yeux grands ouverts

Ils essaient de ne pas s’habituer à la nuit

 

La sortie peut être découvert

Le jour peut être récupéré par la nuit

 

Seonmin KIM

Toujours la ville

 

Long, trop long mon cœur a été sans chansons

Mais maintenant je vis au milieu de la ville comme autrefois,

Et mon cœur balance de joie d’être chez moi.

 

Au cœur de la ville, sous le toit d’une maison en béton armé.

Des collines lointaines et des arbres que je peux saluer

La paix rurale n’est pas bonne pour me développer.

 

Ici, dans le loft, j’entends jour et nuit la voix de la ville

Le rugissement des voitures et le crissement des trams et le grand rire des jeunes fragiles.

Il est bon pour la femme de savoir qu’elle n’est pas en exil.

 

La ville, toujours la ville, jusque le moment où je m’endors immédiatement

Comme une lampe électrique noire quand sa lumière est absente

Puis-je faire briller un peu de lumière dans la ville, pour que son esprit soit moins gris ?

 

Mina HESTAD

Et Marie ne veut plus de moi

 

Dans la sécheresse de la rêverie,

Une croix tombe sur mon dos.

Mais Lazare a refusé mes miracles,

Et Marie ne veut plus de moi.

Quel prophète suis-je sans adorateur ?

Quel prophète suis-je quand mon père est loin d’ici ?

Les montres sont folles,

Elles s’enfuient du temps,

Je suis un homme pour une autre époque,

Le prisonnier de ma naïveté.

Une croix tombe sur mon dos

 

Amir BEIK

Chez Moi

 

Tous les jours je pense à mon pays. Pourquoi ? C’est joli ici. Les fleurs, le paysage, la langue, je les aime. Chaque jour est une aventure. L’incertitude est un bon défi. Mais, il y a toujours un « mais », mon pays me manque. Chez moi, c’est comme une étreinte. Tout est familier : la langue, les magasins, les gens. Je connais tout chez moi. Tout le monde est chez moi : ma famille, mes amis. Est-ce que ce sont les gens qui me manquent ou est-ce que ce sont les sentiments.

 

Comment puis-je expliquer les sentiments de mon pays ? C’est comme un arc-en-ciel après un grand orage. C’est comme un orage après une longue sècheresse. C’est comme le premier jour de printemps après l’hiver : Le soleil t’embrasse, Tout le monde est heureux, On entend du bruit, des rires, chacun sourit, Personne n’est triste. Comment puis-je expliquer la joie d’être avec ma famille et mes amis. C’est comme si nous ne nous séparerons plus jamais. Ils connaissent tout de moi. Il n’est pas nécessaire de parler, on veut être seulement ensemble.

 

Je veux rentrer. Je vais rentrer bientôt. Je suis rentrée. J’ai vu ma famille et mes amis. Rien n’est pareil. La France me manque. Je veux rentrer.

 

Elle WILBERS

Les Vagues de l’Amour

 

Lorsque l’amour est en colère, furieux et déchaîné,

Comme les vagues en tempête, il vient tout balayer.

Il déferle avec force, frappant les rochers de l’âme,

Ébranlant les fondations, semant le doute de ma flamme.

 

Mais l’amour peut aussi être passion, brûlant et ardent,

Comme les vagues qui dansent, enivrants mouvements.

Il nous emporte dans son tourbillon, sans retenue,

Un océan d’émotions, un feu qui nous consume, toute nue.

 

Et parfois, l’amour est calme, apaisant comme la mer,

Comme les vagues qui caressent le rivage avec mystère.

Il murmure des mots doux, berce nos cœurs endormis,

Nous enveloppe de quiétude, d’un amour infini.

 

Ainsi vont les vagues de l’amour, tour à tour enragées,

Passionnées ou sereines, dans l’éternité du temps figées.

Elles sont le reflet de nos cœurs, de nos émotions profondes,

Les gardiennes de nos amours, de nos joies et de nos frondes.

 

Negin NAJIESFAHANI

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