Réfugiée à Marseille avec ses parents fin 1940 à la suite de l’invasion allemande, Simone Weil fréquente la « Société philosophique du Sud-est » créée par Gaston Berger, les « Cahiers du Sud », les milieux occitaniens, le couvent des dominicains de Marseille, en même temps qu’elle s’engage dans le réseau du Témoignage chrétien clandestin et noue les amitiés avec le P.Perrin, G.Thibon, J.Bousquet… Cette faculté de participer à plusieurs milieux, continuant sous d’autres formes la manière d’agir des années 30, fait écho à la capacité de se nourrir d’une incroyable pluralité de sources d’inspiration, dont l’œuvre écrite à Marseille en moins de 2 ans est l’expression (6 volumes des Œuvres complètes chez Gallimard) .
C’est dans cette atmosphère méditerranéenne, carrefour de civilisations, qu’est engagée la réflexion sur la manière dont les « armes de l’esprit » peuvent être de réelles armes de guerre (cf. le « Projet d’infirmières de première ligne ») mais aussi une méditation sur le dialogue universel des cultures et la vocation de l’Europe à être un « pont », une « moyenne proportionnelle » entre l’Orient et l’Amérique. Réflexion qui se poursuivra de Marseille à Casablanca et New-York, puis de New-York à Londres, jusqu’à l’écriture inachevée de L’Enracinement.
