Résumés des articles du second volume du 17ème tome de la revue Théophilyon
Pierre Gibert - Autobiographie et vérité : une illusion littéraire ?
Mémoires, journaux intimes, confessions ..., chacun n'est-il pas le plus approprié à pouvoir parler en vérité de soi et de sa propre vie ? Et la France, qui fait du genre autobiographique, sous toutes ses formes, le plus honoré de tous les genres littéraires, a même créé à Ambérieux un véritable conservatoire d'archives autobiographiques ; ainsi n'importe quel Français peut y déposer sa propre production. Pourtant, parmi les grands chefs-d'œuvre qui font la littérature d'une langue, le genre autobiographique est celui qui en fournit le moins, en France comme ailleurs. Menacé par la banalité et l'insignifiance, l'ennui qu'il génère le plus souvent confirme sa médiocrité d'écriture. Malgré cela, l'histoire et les historiens font leur miel de cette « littérature » empruntée non tant à ses médiocres auteurs qu'aux témoins inconscients qu'ils peuvent parfois être. La partie est-elle perdue d'avance ? A moins que d'autres raisons que soi-même, d'autres vertus d'écriture, entre humour et colère, n'imposent ici une urgence enfin justifiée.
Jean-Pierre Pierron - Le témoignage ou l'actualité du vrai
Associer le témoignage à la vérité peut surprendre en ces temps qui lui préfèrent la preuve scientifique, la force du démontrable. Pourtant c'est précisément parce qu'il manque de preuve, et qu'il en appelle moins au savoir qu'à la confiance, que le témoignage nous alerte. Ce que la preuve apporte à la vérité, le témoignage le porte. Il est moins de l'ordre de la connaissance comme la preuve que de la reconnaissance. Le témoignage est une épreuve du vrai. Il travaille assez une existence en son témoin pour qu'il atteste en lui une vérité qui le dépasse. Alors la valorisation contemporaine du témoignage - des rescapés de génocides aux témoignages de malades - devient révélatrice d'une modalité du régime de la vérité, refusant dogmatisme et relativisme, propre à notre temps. dans cet article on soutient l'idée que le témoignage serait l'actualité du vrai en son témoin. Dit autrement, il serait une médiation privilégiée mais fragile pour « présenter » le vrai sans pouvoir le démontrer ; une manière de ne pas renoncer à l'universel présent dans l'idée de vérité sans pour autant céder sur la singularité historique de l'existence et des situations.
François Durand - Rendre témoignage à la vérité
Comprise en son sens théologique, la vérité est d'ordre relationnel et évènementiel. Elle dépasse l'adéquation d'un langage à une réalité visée. Elle ne saurait se réduire à une forme de connaissance extérieure, facile à systématiser dans une succession logique de concepts. Ceux qui la cherchent doivent engager tout leur être dans cette quête. Ils y parviennent en endossant la condition de témoins. Le témoignage ne prétend pas saisir la vérité mais être un lieu où celle-ci s'atteste durablement dans l'histoire, un lieu où se dit l'indicible. Il s'exprime dans un fragile récit grâce auquel la réalité divine rejoint le terrain de l'expérience et se donne à rencontrer. En théologie chrétienne, la vérité crue, aimée et espérée est une personne vivante, Jésus-Christ. Dans sa Dogmatique, Karl Barth affirme que le Christ est l'unique Témoin véridique de la Révélation. Le Christ vit en effet dans son Église et continue à parler et à agir à travers ses témoins. Le témoignage chrétien est empreint de foi et d'humilité. Porté par l'Esprit de vérité, il offre à la Parole de Dieu la possibilité de venir au monde et d'être reçue. Sa vérité, dans laquelle les témoins sont personnellement engagés vaut de façon universelle.
Pierre Gire - Témoignage et vérité - Perspective épistémologique
Le témoignage et la vérité se réfèrent, dans leur traduction, à des plans différents de réalité et d'intelligibilité qui ne peuvent pas être confondus à moins de dénaturer leur manifestation. L'implication de la présence humaine dans la médiation de l'affirmation de la vérité exige que soient distinguées des formes de témoignage qui convoquent de manière spécifique le dynamisme de la vie humaine. Il s'ensuit que l'entrelacs du témoignage et de la vérité s'offre comme un rapport affecté d'une infinie complexité. Celui-ci révèle l'inséparabilité de la vérité en son exigence d'expression et du témoignage en sa contingence historique.
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