Sommaire de la revue n°176
Chapitre 7. La perte et la jouissance dans la perspective de l’énonciation - Olivier Robin
Nous poursuivons la publication de divers extraits de la thèse que nous avons soutenue en décembre 2011. Cette thèse avait pour objectif d’établir de façon solide la passerelle qui existe entre sémiotique et accompagnement spirituel. Pour y parvenir, diverses étapes ont dû être franchies, dont celle qui fait l’objet du septième chapitre de cette thèse, autour de la lecture de plusieurs auteurs du côté de l’histoire de la spiritualité. L’objectif, annoncé dans l’introduction, consiste à montrer comment le concept d’énonciation, envisagé de façon précise et technique en sémiotique, pouvait être étendu et offrir des moyens pour construire un dialogue fécond entre la théologie, l’anthropologie et les sciences humaines contemporaines, dialogue sans lequel l’avenir du discours chrétien sur l’homme ne pourra plus être entendu.
Du JE au NOUS. Identité de Paul, identité du chrétien - Groupe Loire
On sait qui est Paul. Mais le sait-on vraiment, et de quel Paul s’agit-il ? Si vous enquêtez auprès des Hiérosolymitains qui le côtoient du temps de son adolescence, c’est un Juif de Tarse, brillant étudiant des Pharisiens ; un peu plus tard, après la lapidation d’Etienne, il est connu comme un farouche persécuteur de ces suiveurs du Christ qu’on ne nommait pas encore chrétiens (Actes 11, 26), en tout cas de ceux qui lui tombent sous la main ; puis, pour les chrétiens damascènes, lorsqu’il arrive dans leur ville, c’est un être inquiétant parce qu’ambigu, ancien persécuteur et nouveau prosélyte du Christ fils de Dieu, il est donc bien légitime qu’on s’interroge alors sur sa véritable identité (Actes 9, 20-21). Quant aux Juifs de Damas, dans le même temps, ils n’ont pas de doute, eux, bien au contraire : c’est un traître qu’il faut tuer (Actes 9, 23). Deux décennies plus tard, au moment où Paul écrit cette lettre aux Églises de Galatie, il prend le biais, pour leur dire ce que les fidèles doivent être ou doivent devenir, voire redevenir, de se définir lui-même dans son être et dans son devenir. Aussi le mouvement général du texte mène-t-il d’une fraternité à une autre, exactement d’un adelphoi («οἱ σὺν ἐμοὶ πάντες ἀδελφοί / les frères qui sont avec Paul », Gal. 1, 2) à un autre adelphoi (les frères [ἀδελφοί] que sont les Galates évangélisés, Gal. 6, 18), mène-t-il d’un Paul affirmant son identité à une assemblée de chrétiens galates invités à s’identifier à lui (Gal. 4, 12: « Soyez comme moi, car moi aussi je suis comme vous »), mène-t-il d’une construction d’un JE singulier à l’élaboration d’un nouveau NOUS, le tout dans les limites d’une adresse initiale et d’un salut final
L’Épître de Jude : Une leçon de discernement… discernante - Édifier le discernement - Anne Pénicaud
L’Épître de Jude est devenue d’accès difficile pour des lecteurs contemporains : la situation que mentionne ce texte, les conseils qu’il donne, les arguments et les références sur lesquels il s’appuie sont bien éloignés de leurs perspectives. Le présent article l’abordera par un chemin inhabituel, qui s’intéressera à son énonciation plutôt qu’à ses énoncés . Cette approche réserve une surprise : lu de ce point de vue, ce texte pourrait bien se révéler d’une pertinence et d’une actualité déconcertantes. L’analyse proposée ici considèrera cette énonciation en suivant le fil du texte. Elle s’appuiera sur une traduction très littérale, visant la précision plus que l’élégance, qui sera donnée à mesure de la lecture.
► L’article d’Anne PÉNICAUD (CADIR) a été publié avec l’aimable autorisation des éditions Peeters .