Sommaire de la revue n°141
Une réflexion sur le parcours figuratif de l’Agneau dans les deux Testaments – Jean-Bosco Park
Cet article de Byung-Kyu (Jean Bosco) PARK (Prêtre du diocèse de Taegou – Corée du Sud) tente « une approche sémiotique du parcours figuratif de l’Agneau à travers les quatre récits bibliques qui comportent la figure de l’Agneau (…) : dans le programme de Dieu lié à la connaissance de la fidélité d’Abraham (Gn. 22), commence une quête de l’Agneau par le dialogue entre Isaac et Abraham. Dans le programme du Seigneur concernant la mort des premiers-nés des non-israélites (Ex. 12), l’Agneau renvoie à un dispositif discursif sur lequel surgit la protection de la vie. Enfin, dans la parole de « nous » d’Is. 53, l’Agneau devient un objet-référence pour le Serviteur : nous avons vu que la figure de l’Agneau commence à désigner un autre sujet qui n’est pas imaginable sans le sujet-interprétant (« nous »). Enfin, dans l’Évangile de Jean, la figure de l’Agneau devient un homme visible, Jésus qui s’articule avec le monde entier pour lui donner la vie commune avec Jésus-Christ. » S’opère ainsi un retournement progressif de la figure, qui en vient au terme à désigner Jésus, en tant qu’il porte le don de la vie.
Le sévère sauveur. Lecture pragmatique des sept « ouai » dans MT 23,13-36 – Michel Sakr
Michel Sakr présente dans cet article les principales données d’une thèse de doctorat soutenue à l’Université Pontificale Grégorienne à Rome en 2005. La recherche porte sur une séquence de l’évangile de Matthieu (23,13-26) caractérisée par une série d’adresses aux pharisiens, introduites par « ouai » et pouvant proférer des invectives, des menaces ou des lamentations. L’étude de cette séquence et de son contexte dans l’évangile de Matthieu s’ouvre sur des propositions théologiques.
Les bases théoriques et méthodologiques de ce travail ne sont pas celles que l’on trouve habituellement dans Sémiotique & Bible. Il s’agit ici de faire appel aux propositions de la pragmatique.
Cette branche des sciences du langage, qui se recommande en particulier des travaux de Morris, de Austin et de Searle, aborde le langage, du point de vue de l’énonciation, comme un acte. « Quand dire c’est faire », tel est le titre de la traduction française de l’ouvrage de Austin. Parler, c’est agir, et la pragmatique a pu détailler les différents « actes de langage » qui peuvent caractériser une énonciation (promesse, ordre, menace…). Dans le domaine des sciences du langage, la pragmatique a ouvert tout le champ des études sur les « interactions verbales », sur la co-construction du discours entre les partenaires des échanges langagiers.
Concernant les textes, l’approche pragmatique cherche à montrer comment tout texte s’inscrit dans une communication, qu’il s’agisse de la communication première entre un auteur et ses premiers destinataires, ou de la communication que vient réactualiser toute lecture. Si l’on transpose sur le texte la problématique pragmatique des « actes de langage », on cherchera à définir l’effet du texte sur son lecteur et l’on rapportera cet effet à une « stratégie » de l’auteur en direction de ses lecteurs. Mais si l’on n’est plus dans les conditions initiales de cette communication, c’est à partir des structures ou de la forme du texte même qu’on cherchera cette stratégie ou cette intention pragmatique que l’on rapporte à un « auteur implicite » ou à un « narrateur », rôle reconstruit à partir du texte et qui doit être distingué de l’auteur empirique (ou historique) du texte. Corrélativement, la forme du texte projette la position d’un « lecteur implicite », cible de la stratégie du texte, rôle qui doit être distingué du lecteur empirique. L’analyse du texte visera donc à montrer comment, par quelle « stratégie » un texte « construit » son lecteur et les conditions de sa lecture.
Cet horizon de recherches, qui se situe globalement dans le champ de la communication et de ses effets repose sur des bases assez différentes de celles de la sémiotique et de sa problématique de la signification et de l’énonciation. Il est actuellement présent dans ce qu’il est convenu d’appeler les « études narratives » de la Bible sur lesquelles s’appuie également cet article ; elles conjuguent les perspectives linguistiques de la pragmatique avec les données théoriques et littéraires de la « narratologie ».
Compte-rendu de lecture : L’Apocalypse de Jean. Révélation pour le temps de la violence et du désir par Jean Delorme et Isabelle Donegani – Jean-Yves Thériault
Cet article de Jean-Yves THÉRIAULT (Rimouski, Québec – ASTER) fait état d’une lecture – elle-même
sémiotique - du Commentaire de Jean Delorme et Isabelle Donegani, L’Apocalypse de Jean, Révélation pour le temps de la violence et du désir. Cette recension s’appuie sur la structure même de ce Commentaire. Elle y montre l’attestation d’un renouvellement du geste exégétique accordé sur la convocation lancée, à ses lecteurs, par le livre de l’Apocalypse lui-même.
Compte-rendu de lecture : Quand le visible devient lisible – Jean-Claude Giroud
Comme celui de Jean-Yves Thériault, cet article de Jean-Claude GIROUD (CADIR-Lyon) rend compte d’une lecture du livre de Jean Delorme et Isabelle Donegani – L’Apocalypse de Jean, Révélation pour le temps de la violence et du désir –. Cette lecture attentive décrit les chemins énonciatifs ouverts par ce Commentaire en direction de lecteurs en qui il cherche à relayer, dans sa puissance vive, la force énonciative du livre dont il leur parle.