Sommaire de la revue n°140
Luc 4,14-30. Des formes d’énonciation – Louis Panier
Louis PANIER (CADIR Lyon), comme un préalable à la lecture, décrit les différentes formes d’énonciation mises en oeuvre dans ce récit et les jeux entre la « voix du texte » et les différentes mentions d’énonciation énoncée. Il souligne en particulier l’importance pour le dispositif énonciatif de ce texte, du fait qu’il ne raconte pas l’acte de lecture et d’interprétation que tout lecteur se plait à imaginer. Le texte d’Isaïe prend ainsi un relief dont il faut pouvoir rendre compte. L’article tente à partir de ces observations de dégager deux modèles d’énonciation, l’énonciation-délégation et l’énonciation-communication dont la différence, et la confrontation, semblent pouvoir structurer l’ensemble de ce récit. /Enonciation-délégation/ et /Communication-appropriation/ constituent finalement un système « bi-face », deux formes indissociables de la relation et de la constitution des sujets, et le ch 4 de Luc est peut-être là pour montrer leur intrication.
Luc 4,14-30 : Un parcours de lecture. Du voir et entendre à l’écouter – Pierre Chamard-Bois
Pierre CHAMARD-BOIS (ARS B) présente la pratique de lecture mise en oeuvre dans les groupes de Bretagne. La lecture est un parcours d’observation dans lequel on passe de ce qui saute aux yeux à ce qu’on a sous les yeux et grâce auquel se met en place un échange de parole original dont l’article rend compte. Dans une seconde partie, l’article décrit un parcours de lecture de Lc 4, 14-30. Lors de la première phase, deux types d’expression dominent chez les participants : des interprétations selon la psychologie supposée des personnages et des interprétations moralisantes. La seconde étape vise à se rendre attentif au texte qu’on a sous les yeux, en s’intéressant aux espaces, aux temps et aux personnages. L’intérêt se porte alors sur les figures du récit principal et des discours rapportés des différents acteurs. On repère alors des points d’achoppement à une activité d’interprétation qui rechercherait une cohérence maximale. Ces éléments qui clochent et qui résistent à notre logique nous semblent essentiels. Ces fissures ouvrent aux lecteurs une voie pour passer de l’entendre à l’écoute. La lecture ainsi pratiquée vise d’abord à mettre en évidence ce qui échappe à l’évidence ou à l’analyse, et à évider nos représentations pour excaver un espace de résonance.
« Comment lis-tu en catéchèse ? ». Lecture de Luc 4,14-30 : Jésus à Nazara – Jean-Loup Ducasse
Jean-Loup DUCASSE (CADIR-Aquitaine) présente et propose une pratique de lecture du texte de Luc dans le cadre de la catéchèse. L’article explore la présentation du texte ainsi que les pistes proposées aux catéchistes et aux enfants dans un parcours de catéchèse, et tente de repérer ce qui peut favoriser ou contrarier la lecture. Il repère certaines « alertes » (auxquelles le sémioticien est très sensible) : 1) une partie du texte se trouve tronquée et remplacée par une résumé nécessairement interprétatif ; 2) l’orientation thématique du parcours catéchétique oriente la lecture ; 3) des images sont associées au texte, sur une base thématique commune, et parfois le remplacent. Par glissements successifs, le parcours fait passer de la présentation d’un texte biblique à une lecture guidée de type explicatif puis à un discours moralisateur, invitant l’enfant, non à lire, mais à produire une actualisation édifiante du texte. J. L. Ducasse propose alors une lecture à partir de ces remarques et observations, en revenant sans cesse à la lettre du texte et à l’ordre du récit. Elle débouche sur une proposition de lecture en catéchèse.
Hommage à Jacques Geninasca – Ursula Bähler, Michael Schulz, Peter Fröhlicher