Sommaire de la revue n°131
Repenser la lecture ? Enjeux d’une approche énonciative des textes – Anne Pénicaud
Anne PENICAUD (CADIR Lyon) propose ici une approche renouvelée de la lecture des textes fondée sur une réflexion sur l’énonciation qui développe deux postulats fondamentaux pour une sémiotique de l’énonciation.
- La proposition d’un énoncé présuppose logiquement l’énonciation d’un énonciateur. Ce premier postulat trouve un écho dans le constat que des marques de cette énonciation demeurent effectivement inscrites dans l’énoncé.
- La proposition d’un énoncé postule logiquement l’énonciation d’un énonciataire. Ce second postulat trouve écho dans le constat que les marques de l’énonciation demeurent à l’état virtuel dans un texte, dans l’attente d’un énonciataire susceptible de les accueillir et de les reconnaître comme telles.
L’article propose, dans un premier temps, les éléments d’une description énonciative des énoncés. Il convient de maintenir l’association entre un « énoncé » et l’énonciation qui l’énonce, qu’Anne Pénicaud désigne comme la « voix du texte ». Présupposée par l’énoncé, cette « voix » est perceptible seulement à travers le canal d’un lecteur, qui le soutient. La perception de l’énonciation est indissociable de la position d’un lecteur-énonciataire. L’article s’attache à décrire les modalités de manifestation de cette « voix » à partir des formes du récit et du discours et à proposer des modèles d’organisation des différents niveaux d’énonciation dans l’énoncé. Le récit travaille par une logique d’écarts entre les lignes, et construit la proposition du sens à partir de la différence. A l’inverse, le discours opère par convergence, et inscrit cette proposition dans une logique d’échos. Dans un deuxième temps, le développement du second postulat portant sur l’instance de l’énonciation, ouvre des perspectives pour une sémiotique de la lecture, et pour une approche de la « parole » vers laquelle est conduit le lecteur-énonciataire à travers le défilé des niveaux d’énonciation dans l’énoncé et des références auxquelles ils mènent.
Figurativité – Discours – Énonciation (1ère partie) – Louis Panier
Louis PANIER (CADIR Lyon) propose dans cet article d’aborder la question de l’énonciation à partir de la problématique sémiotique de la figurativité. Considérant le texte au niveau de sa composante discursive qui agence en parcours les grandeurs figuratives (espaces, temps, acteurs), on s’intéressera à la manière dont un texte, dans sa singularité « traite » ce matériau figuratif. On posera alors que ce traitement a) manifeste une instance d’énonciation, c’est-à-dire à la fois un acte et un point de perspective ; b) opère des transformations sémantiques sur la signification véhiculée par ces figures ; c) modifie le statut sémiotique de ces grandeurs figuratives. La mise en discours des figures apparaît ainsi comme le résultat manifesté d’une énonciation présupposée, mais aussi comme une opération qui concerne le lecteur dans sa saisie du texte. Dans la première partie publiée dans ce numéro, on observera ces opérations figurales dans trois passages du Nouveau Testament (la parabole des Mines en Luc 19, les ch. 2-3 du Livre des Actes, le ch. 12 de l’Apocalypse de Jean). La seconde partie, dans un prochain numéro, développera à partir de ces observations quelques perspectives théoriques sur le statut énonciatif des figures en discours.