Séminaire organisé par les Pôle 3 et Pôle 4 de l'Unité de Recherche CONFLUENCE : Sciences et Humanités (UCLy) et l'Orspere-Samdarra (Centre Hospitalier Le Vinatier)
La mondialisation, au-delà de sa dimension financière et économique bien connue, révèle aujourd’hui de plus en plus une expérience qui est celle de la crise. La crise sanitaire, en particulier, avec la pandémie de la Covid, la guerre en Ukraine, bien sûr la crise écologique et les modifications socio-politiques « identitaires » exacerbent des effets psychosociaux destructeurs et délétères. Nous observons un effondrement des valeurs qui donnent sens à la vie et confiance dans le futur ; il s’agit d’une forme « d’apocalypse cognitive » qui empêche de penser la vulnérabilité, le risque, la perte et la mort, avec une idée du déclin et de la catastrophe qui transforme les vivants en survivants.
L’idée qui émerge, pour la poursuite de ce séminaire, est que la pensée métisse, sans être pour autant un recours magique, peut nous permettre de penser la crise autrement, sans crispation identitaire ni effondrement du sens, mais avec une préoccupation active qui n’empêche pas de penser.
Pour ce faire, il faut avoir l’audace de dépasser le métissage en tant que réalité biologique. La pensée métisse appréhendée dans ce séminaire dépasse la métaphore de tout phénomène d’hybridation. Elle n’est ni variante du syncrétisme ou de l’éclectisme, ni une juxtaposition de différences. Le métissage est un processus fragile de transformation de soi né de la rencontre des autres, révélateurs de nos potentialités non pas à être différent des autres, mais de nous-même dans le temps. Dans les questions indissociablement épistémologiques, cliniques, éthiques et politiques qu’il pose, le métissage nous invite à l’expérience d’une pensée du processus, alternative à la pensée binaire, celle du signe et de la catégorie qui oppose la raison et l’émotion, l’intelligible et le sensible, les idées et les images, le signifié et le signifiant, la santé et la maladie, l’autochtone et l’étranger, « l’Occident » et les constructions fantasmatiques d’un autre absolu.
La pensée métisse vise à mettre en question les tentations différentialistes opposant le dedans et le dehors, le pur et l’impur, le nous et les autres.
Entrer aujourd’hui en métissage, c’est entrer en résistance contre la subordination à l’un, l’unité par réduction des différences (d’âge, de genre, de culture, de territoire, de croyance, de goût), l’indifférenciation, l’indifférence, l’appel à un « centre » hégémonique versus des périphéries subalternes, la mondialisation comme occidentalisation et mercantilisation. Tenant compte de la violence de l’économie néolibérale et des situations de vulnérabilité et de souffrance sociale et psychologique qu’elle génère, notre préoccupation est d’ouvrir un horizon de connaissance et d’action qui ne soit ni celui des modèles visant l’intégration totale par dissolution des singularités, ni celui préconisant le repli sur les origines.
Comment dire l’universel non pas comme donné, posé, postulé, ni a fortiori imposé, non pas comme principe mais comme devenir et comme éthique ?
En ce sens, la pensée métisse peut nous aider à transformer l’idée catastrophique de la crise, du dérangement extrême, en un processus qui reste confiant dans la pensée et dans l’action, pour ne pas vivre en survivants.
Programme 2024-2025
Les mardis de 17h30 à 20h
- 8 octobre : « Penser métisse ? Retour sur 9 années de réflexion », François Laplantine, Jean Furtos et Laurent Denizeau
- 12 novembre : « En quête d'universel », Patrick Deshayes (Anthropologue, Professeur émérite des Universités à Lyon 2, Chercheur au Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative, UMR 7186, producteur et réalisateur de films documentaires)
- 10 décembre : « Aux fondements du mouvement inclusif… ou la société en héritage », avec Charles Gardou (anthropologue et pédagogue, Professeur des Universités)
Programme 2023-2024
Les mardis de 17h30 à 20h
- 24 octobre : Introduction au séminaire
- 14 novembre : « Croire, ne pas croire : les religions en question, les questions que nous posent les religions » François Laplantine - campus Carnot.
- 12 décembre : « Échapper au modèle de l’entreprise dans la relation patients-soignants : l’exigence d’un cœur de métier métissé » Jean Furtos
- 30 janvier : CONFÉRENCE ANNULÉE « Aux fondements du mouvement inclusif… Ou la société en héritage » Charles Gardou (anthropologue, Professeur émérite à l’Université Lumière Lyon 2).
- 13 février : « Métissage et connaissance : entre illusion de toute puissance (épistémique) et aliénation (relativiste) de la pensée » Mathieu Guillermin (physicien et philosophe, enseignant-chercheur à l’UCLy)
- 19 mars : « La bande de Moebius » Emmanuel Venet (écrivain et psychiatre)
- 30 avril : « La rencontre des langues : emprunt, hybridation, créolisation » Jean-Baptiste Martin (anthropologue et linguiste, Professeur honoraire de l’Université Lyon 2)
- 14 mai : « Paysages, sages et pas sages, passages donc métissages », Jean-Vincent Berlottier (architecte et urbaniste)
Lieu
Campus Carnot - 23 place Carnot - 69002 Lyon
Salle Ozanam K025