Dans le cadre du Cycle de conférences « Mémoire et Marche du Monde » (2è Édition) et de la Décennie Nelson Mandela pour la Paix (2019-2028), instituée par les Nations Unies, la Chaire Unesco « Mémoire, Cultures et Interculturalité » organise une conférence publique sur le thème : « La gouvernance de la diversité culturelle : un défi permanent pour les sociétés »
Celle-ci se déroulera le jeudi 27 octobre, de 18h à 20h, en Amphi A. Mérieux A029 sur le campus Saint-Paul de l'UCLy.
Argumentaire
La reconnaissance au plus haut niveau international du principe de diversité culturelle, ainsi que de l’égale dignité des cultures qui lui est consécutive, est une évolution récente et majeure du droit international. En effet, le respect de la diversité culturelle est désormais considéré comme un facteur de promotion de la paix et des droits fondamentaux de l’homme, un moyen de rapprochement des peuples, essentiel pour le développement social, économique et culturel dans le monde.
Ainsi en est-il de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle (Unesco, 2001) qui fait du respect de la diversité des cultures un instrument pour « la tolérance, le dialogue et la coopération, dans un climat de confiance et de compréhension mutuelles » et comme l’« un des meilleurs gages de la paix et de la sécurité internationales» (Cf. Préambule, §7). De même, la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (Unesco, 2005) considère que « la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles impliquent la reconnaissance de l’égale dignité et du respect de toutes les cultures, y compris celles des personnes appartenant aux minorités et celles des peuples autochtones » (Cf. article 2, intitulé « Principes directeurs »).
En écho à cette évolution du droit international, il n’est pas rare d’observer dans les constitutions et autres lois nationales des Etats, la consécration du principe de diversité culturelle, linguistique et religieuse, etc., parfois assortie de stratégies d’action pour une mise en œuvre concrète.
Cependant, le principe du respect de la diversité culturelle est loin d’être un impératif catégorique au regard notamment des autres obligations de l’Etat, lesquelles peuvent être autant de limitations raisonnables et légales à la mise en œuvre concrète de ce principe. En effet, en tant que res publica, l’Etat se doit de garantir à toutes les cultures les possibilités de leur existence même, ainsi que de leur développement sur une base d’égale dignité. Toutefois, en assumant cette tâche, l’Etat doit également s’astreindre à d’autres obligations pouvant le conduire à limiter certaines expressions culturelles, dès lors qu’elles s’avèrent incompatibles avec les autres obligations de l’Etat.
Ainsi en est-il des garanties pour les citoyens du respect de leurs droits culturels fondamentaux, lesquels sont aussi une expression des droits de l’homme dans leur vocation universelle. Mais il n’est pas rare que certaines pratiques culturelles portent atteinte aux droits fondamentaux des personnes que l’Etat se doit de protéger, en procédant au besoin à des arbitrages susceptibles de conduire à des restrictions, voire à l’interdiction de certaines de ces pratiques culturelles (Cf. Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme de 2003, notamment les articles 5.b, intitulé « Eliminations des pratiques néfastes » et 6.c, intitulé « Mariage »).
En effet, tous les droits de l’homme n’ont pas le même statut juridique, justement en raison du caractère intransgressible (droits inconditionnels et indérogeables donc) de certains droits alors que d’autres droits peuvent possiblement faire l’objet de restrictions raisonnables, dès lors que cela s’opère dans le respect des normes nationales et/ou internationales en vigueur.
De tout ce qui précède, peut-on objectivement et raisonnablement considérer que toutes les expressions culturelles participent du développement social, économique, culturel ou scientifique des sociétés et que, par la même occasion, elles contribuent à la recherche de la paix et au rapprochement des peuples ? Sinon, quels sont les paramètres déterminants à prendre en considération ainsi que les stratégies idoines dans la mise en œuvre du principe du respect de la diversité culturelle ?
Aussi, est-on tenté de dire qu’une exigence de rationalisation s’impose pour une mise en œuvre efficiente du principe du respect de la diversité culturelle. Il s’agira, en particulier, de savoir comment concilier à chaque fois, et avec intelligence, « […] la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et leurs droits égaux […] » (Cf. Préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948), avec toutes les expressions culturelles. Ce qui, visiblement, est loin d’être un exercice aisé dans les politiques publiques de gestion de la diversité culturelle.
Tel est l’objet de cette conférence publique de notre Chaire Unesco, qui s’inscrit dans le cadre du Cycle de conférences « Mémoire et Marche du Monde » (2è Édition) et de la Décennie Nelson Mandela pour la Paix (2019-2028), instituée par les Nations Unies.
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Créée en 2007, cette Chaire a pour objectif principal d’engager une réflexion de fond sur les enjeux de l’interculturalité et en particulier sur la place et l’évolution des sociétés à l’heure de la mondialisation.