Le pôle 3 - Culture(s), langue, imaginaires de l'Unité de Recherche CONFLUENCE : Sciences et humanités organise un colloque international pluridisciplinaire autour de son projet de pôle : Espace(s) et mouvement(s) : le proche et le lointain.
Programme
-
Jeudi 15 mai
9h00 | accueil Café
9h30 – 9h45 | ouverture : introduction
9h45 – 10h15 | Conférence d’ouverture : Être frontalier en guerre civile, Jérémie FOA, Mcf HDR à l’université d’Aix Marseille
10h15 – 10h30 | Échanges
10h30 – 10h45 | pause café
PANEL 1 : PASSER LA FRONTIÈRE
10h45 – 11h05 | La nouvelle pour repenser la frontière. Circulation de l’information et redéfinition d’un territoire frontalier en guerre (Lyon – années 1560-1570), Gautier MINGOUS, Docteur en histoire moderne, Chercheur associé au LARHRA
11h05 – 11h25 | Le duché de Bourgogne, un espace frontalier disputé dans les guerres de Religion (1562-1598), Gary ALARDIN, Doctorant en histoire moderne à l’université Marie & Louis Pasteur (Besançon)
11h25 – 11h45 | Contre l’Empire: les défenseurs occidentaux de la Novorussie, promoteurs et révélateurs d’une frontière ambigüe, Edouard SILL, Docteur en histoire contemporaine, Chercheur associé au CHSMC
11h45 – 12h00 | Échanges
12h00 – 13h30 | Déjeuner
PANEL 2 : EXILS ET REFUGES
13h45 – 14h05 | Doctrines et pratiques en matière d’asile politique et d’extradition en Argentine, Chili et Uruguay (1889-1905), Edward BLUMENTHAL et Maria Laura REALI, Mcf en civilisation latino américaine à l’université Sorbonne nouvelle et Paris cité
14h05 – 14h25 | Les réfugiés républicains espagnols et la frontière de Gibraltar durant la Guerre civile espagnole (1936-1939), Olivia SALMON MONVIOLA, Mcf en civilisation espagnole contemporaine à l’université Clermont Auvergne
14h25 – 14h40 | Échanges
PANEL 3 : DÉPLACER LA FRONTIÈRE
14h40 – 15h00 | L’état de siège. De l’état de siège réel à l’état de siège fictif, Sébastien LE GAL, PR d’histoire du droit à l’université Grenoble Alpes
15h00 – 15h20 | Menace extérieure, divisions intérieures : le siège de Valenciennes (1793), Cyprien ALBERTI, Doctorant en histoire moderne à l’université Lumière Lyon 2
15h20 – 15h40 | Au pays de la guerre civile: les frontières en Vendée militaire (1793-1796), Anne ROLLAND BOULLESTREAU, PR à l’université catholique de l’ouest
15h40 – 15h55 | Échanges
15h55 – 16h10 | Pause café
PANEL 4 : DIRE LA FRONTIÈRE
16h10 – 16h30 | La définition socio-spatiale de l’Ukraine par rapport à la Russie à l’ère des révolutions et des guerres civiles, Hannah PEREKHODA, Assistante diplômée à l’IEP de l’université de Lausanne (Suisse)
16h30 – 16h50 | Localiser le conflit ou internationaliser la frontière : les perceptions contemporaines liées à la guerre civile dans le détroit de Taïwan), Amaury RAMIER, Doctorant à l’institut de recherche en relations internationales et en Stratégie de l’université Tamkang (Taïwan)
16h50 – 17h05 | Échanges
Fin de la journée
17h30 – 19h00 | Visite de Lyon, ville frontière
-
Vendredi 16 mai
PANEL 5 : ÉTATS ET FRONTIÈRES
09h30 – 9h50 | Pouvoir royal et marges territoriales en temps de troubles intérieurs. La Provence en 1610 : mentir et tenir, Anne Marie CHENY, Mcf en histoire moderne à l’université Rouen Normandie
09h50 – 10h10 | La frontière entre le Maroc et l’Algérie durant la guerre civile algérienne de la Décennie Noire (1992-2002) : Un enjeu géopolitique majeur, Yassine EL YATTIOUI, Doctorant en science politique et relations internationales à l’université de Salamanque (Espagne)
10h10 – 10h30 | Besançon, frontière religieuse assiégée (années 1560-années 1570), Damien FONTVIEILLE, Mcf en histoire moderne à l’université Marie & Louis Pasteur (Besançon)
10h30 – 10h50 | Le duché de Lorraine dans les guerres françaises et allemandes de Religion : des tentatives pour s’imposer comme un État puissant mises en échec ? (1572-1598), Thibaut VETTER, Doctorant en histoire moderne à l’université de Strasbourg
10h50 – 11h10 | Échanges
11h10 – 11h25 | Pause café
PANEL 6 : DES SOUVERAINETÉS INCERTAINES
11h25 – 11h45 | Frontière(s) et diffraction(s) de la souveraineté en temps de guerre civile – Une histoire au ras du sol de la Première guerre carliste (1833-1840) au Pays basque, Alexandre DUPONT, Mcf en histoire contemporaine à l’université de Strasbourg
11h45 – 12h05 | Syrie et Israël au Liban. Modalités et stratégies d’occupation durant la guerre civile libanaise, Daniel MEIER, PR Junior à Science Po Grenoble – université Grenoble Alpes
12h05 – 12h25 | Frontières en Mutation : Le Rôle des Entreprises Militaires et de Sécurité Privées dans le Conflit Colombien, Eldi Paola ROBAYO, Doctorante en sociologie à l’EHESS
12h25 – 12h45 | Échanges
12h45 – 13h00 | Conclusions
Argumentaire
"La guerre civile assimile et rend impossibles à distinguer le frère et l’ennemi, le dedans et le dehors, la maison et la cité" [Giorgio Agamben, 2015]
Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1586, la place forte royale de Rocroi tenant la frontière du royaume vis-à-vis des Pays-Bas espagnols dans les Ardennes, est capturée par un parti venu de la principauté de Sedan. Son gouverneur, Christophe de Carbonnières, et une partie de sa garnison sont passés au fil de l’épée. Henri de Guise, gouverneur de Champagne, la ressaisit un mois plus tard après 36 jours de siège. L’action légitime son engagement contre ses adversaires politiques et religieux dans le contexte d’affirmation de la ligue catholique sur fond d’oppositions avec Henri de Navarre. Il se montre par la même occasion comme le principal défenseur du royaume devant le roi Henri III. Cet événement met en lumière la place des frontières extérieures dans un contexte de troubles internes particulièrement graves. Depuis 1562, le pays est en proie aux guerres civiles entre catholiques et protestants et cette situation n’a eu de cesse d’exciter les convoitises des voisins cherchant à tirer profit de l’affaiblissement d’un des plus puissants royaumes du continent européen. Le roi d’Espagne Philippe II le fit en soutenant la cause catholique, par ses armées, par ses diplomates, par son argent œuvrant aussi à entretenir un climat conflictuel au-delà des Pyrénées. En face, les rois de France ont tenté de réagir non sans mal à ses ingérences, d’autant que les frontières du royaume ne demeurent pas en marge des conflits internes. Elles sont des lieux d’échanges économiques et informationnels. Elles sont traversées par les soldats et les mercenaires étrangers mobilisés par les différents partis en lutte. Elles sont les premiers espaces d’ingérences des puissances voisines. Elles s’inscrivent de fait dans la dialectique entre pouvoir central, pouvoirs provinciaux, locaux et extérieurs au prisme de leurs multiples engagements politiques et militaires.
Cette situation n’est pas propre au seul moment des guerres de Religion en France au XVIe siècle. Chaque guerre civile disputée dans le monde est l’occasion d’expériences politiques et violentes où les provinces, les communautés et les familles se déchirent. Tout est susceptible d’être faction. Si les divisons politiques se transportent à l’intérieur de la maison, comme l’écrit Giorgio Agamben, elles touchent effectivement les frontières de l’Etat soumis aux luttes intestines.
Tenir la frontière en période de guerre civile
Le projet de colloque ici proposé est donc d’étudier la situation des espaces frontaliers interétatiques dans un contexte de guerre civile, ce dernier se définissant par la remise en cause de la légitimité de l’Etat « sinon il ne s’agit que de rébellions, d’émeutes, de troubles »[1]. L’enjeu est de passer d’une frontière à l’autre pour tenter d’envisager les limites territoriales quand le territoire même vient à poser problème. Comment tenir ses frontières en période de guerre civile ? Comment un Etat confronté au risque d’être dissous par ses conflits internes parvient-il, tout en résistant à cette situation, à protéger ses limites, à contrer les ambitions que peut susciter son affaiblissement et à maintenir son autorité sur ses confins et ses marges ? Comment ces mêmes frontières deviennent-elles des objets de lutte internes ?
L’histoire des frontières a fait l’objet d’un vif intérêt depuis plusieurs décennies et l’objet est aujourd’hui bien documenté[2]. De même, les frontières intérieures ont aussi été au centre de l’attention des chercheurs, qu’elles aient été religieuses, partisanes ou régionales[3]. Il s’agira ici de considérer la gestion des limites externes des Etats soumis pour leur part à une guerre civile mobilisant tout ou partie de leurs ressources. Les contextes de guerres civiles sont multiples et chacun se singularise par une histoire politique et militaire qui lui est propre. Les guerres de Religion ou les insurrections régionales au cours de la décennies 1790 sont autant d’exemples pour la France. La guerre de Trente Ans pour les territoires germaniques, la guerre de Sécession aux Etats Unis, la guerre civile mexicaine de 1911 à 1917, la Guerre Civile en Espagne ou celle opposant les rouges et les blancs dans la Russie des années 1920 sont autant de manifestations d’une société divisée qui n’a cependant pas implosée malgré ses conflits. Il en est de même en Amérique centrale, en Asie et en Afrique depuis le milieu du XXe siècle où la guerre civile s’est imposée comme la principale forme de conflit allant jusqu’à créer des Etats faillis où la chute de l’autorité centrale suscite un appel d’air à de multiples acteurs concurrents et déstabilisant. Dans chacun de ces contextes, ces différents pays ont eu à faire face à l’ingérence étrangère, que ce soit par la circulation de troupes sur leur territoire ou le grignotage de leurs frontières. Le cas de la Colombie et plus encore du Liban au XXe et XXIe siècle semble important et paradigmatique dans l’appropriation de leurs frontières par des groupes armés et des interventions extérieures.
Ce projet de colloque se veut comparatiste, entre les périodes, du XVIe au XXIe siècle, et entre les aires géographiques. Il associe l’UR Confluence de l’UCLy, le LARHRA et l’université Lyon 3. Il est pluridisciplinaire en souhaitant réunir des historiens, des politistes, des géographes, des sociologues et des anthropologues. Enfin, il s’inscrit dans la continuité des travaux du Pôle 3 « Culture(s), Langue, Imaginaires » autour des problématiques d’Espace(s) et mouvement(s) : le proche et le lointain après deux colloques internationaux, l’un portant sur « Atiq Rahimi, passeur de frontières », en présence de l’auteur, l’autre interrogeant la frontière naturelle comme un concept à déconstruire.
Comité scientifique
- Béatrice Blanchet, MCF en science politique et études anglophones, UR Confluence Sciences & Humanités, EA 1598, UCLy, France.
- Antoinette Castelnuovo, docteur en histoire contemporaine.
- Julien Guinand, MCF en histoire moderne, UR Confluence Sciences & Humanités, EA 1598, UCLy, France.
- Frédéric Lamantia, MCF en géographie, UR Confluence Sciences & Humanités, EA 1598, UCLy, France.
- Maria-Laura Moreno Sainz, MCF en sociologie, UR Confluence Sciences & Humanités, EA 1598, UCLy, France.
- Aurélien Roulet, docteur en histoire moderne, chercheur associé à PLEIADE, UR 7338.
- Nathan Rousselot, MCF en histoire contemporaine, UR Confluence Sciences & Humanités, EA 1598, UCLy, France.
- Pierre Jean Souriac, MCF HDR en histoire moderne à l’université Lyon 3, enseignant-chercheur intégré au LARHRA
Comité d'organisation
- Julien Guinand, MCF en histoire moderne
- Lorraine Guitton, assistante du Pôle 3 de l’EA 1589 Confluence
- Nathan Rousselot, MCF en histoire contemporaine
- Maria-Laura Moreno-Sainz, MCF en sociologie
- Pierre-Jean Souriac, MCF en histoire moderne
[1] Jean-Clément Martin. « Guerre civile », une notion insaisissable mais indispensable », Pouvoirs, vol. 188, no. 1, 2024, p 22.
[2] Voir notamment Malcolm Anderson, Frontiers. Territory and State Formation in the Moderne World, Cambridge, CUP, 1996 ; Daniel Nordman, Frontières de France. De l’espace au territoire XVIe-XIXe siècle, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1998 ; Peter Sahlins, Boundaries. The making of France and Spain in the Pyrenees, Berkley, UCP, 1989; Teo Ballvé, The frontier effect, state formation and violence in Colombia, Ithaca, Londres, Cornell University press, 2020.
[3] Voir notamment Sabine Dullin, « Le réveil des frontière intérieures », Pouvoirs, 2018/2, n°165, p. 15-26 ; Francisco Bethencourt, Denis Crouzet (dir.), Frontières religieuses dans le monde moderne, Paris, CRM, 2013.
Les chercheurs de ce pôle s’intéressent notamment au rapport dialectique entre espace et mouvement, sous l’angle de l’articulation entre le proche et le lointain, dans la langue, le discours, la littérature et l’imaginaire.
La recherche scientifique à l’UCLy est devenue une priorité qui s’est traduite par la création de cette Unité de Recherche
La Faculté propose une licence de Lettres modernes,une licence d’Histoire, une prépa IEP et un Bachelor Développement Touristique.