de 9h15 à 14h45
En partenariat avec la Faculté de Lettres Modernes de l’UCLy
Si l’on parle désormais d’un « tournant animal » en philosophie, qui prend acte de la nécessité urgente d’interroger notre conception ontologique, épistémologique et moral des animaux, les études littéraires ont parallèlement engagé une réflexion qui s’inscrit dans le sillage des animal studies anglo-saxonnes afin de refonder notre appréhension des bêtes. La zoopoétique, champ critique récent, rappelle pourtant que la littérature parle depuis longtemps des animaux et s’interroge sur le rapport complexe que l’homme noue avec eux, qu’ils soient sauvages ou domestiques.
Nombreuses sont en effet les formes littéraires traditionnelles qui figurent l’animal, comme la fable ou le roman animalier. Mais la littérature fait plus que parler des animaux : elle leur donne la parole. C’est ce don que nous voudrions examiner en s’arrêtant sur les pouvoirs de la fiction et sur la richesse des procédés littéraires par lesquels l’écrivain peut rendre compte de l’intériorité animale – c’est-à-dire de ce qui nous échappe et nous demeure opaque –, et nous donner accès à l’altérité radicale que représentent les animaux, déplacer les points de vue et surtout décentrer le regard anthropocentrique du lecteur. Si les philosophes s’interrogent aujourd’hui sur la pertinence et la validité de l’extension du concept de sujet à l’animal, la littérature problématise et expérimente ces enjeux dans la langue et dans le récit.
Que des animaux puissent dire « je » relève donc d’un véritable enjeu éthique, qui cherche d’une part à repenser la relation humaine aux bêtes en évitant toute forme de domination et d’appropriation, et, de l’autre, à repenser leur lien de solidarité et d’indépendance au sein du monde. Ce souci éthique récent implique une refondation poétique, c’est-à-dire la nécessité de réinventer les procédés pour dire les bêtes qui ne soient pas anthropocentriques : telles sont l’ambition et la limite de l’analogie littéraire.
Programme de la journée d'étude
Matin :
- 9h15 : accueil des intervenants
- 9h45 : Augustin LESAGE - « Et les Muses du Latium en restèrent interdites » : engager le dialogue avec l’éléphant des jardins du Belvédère (1514-16)
- 10h30 : pause
- 10h45 : Aude JEANNEROD - « Parole animale et parole poétique » dans la littérature du XIXe siècle
- 11h30 : Élisabeth PLAS, « 'À quelle sauce allait-on me mettre ?' Humour, animalisme et anthropomorphisme au XIXe siècle »
- pause déjeuner
Après-midi :
- 14h : Marie VIGY - « Les moyens d’entrer dans une conscience d’aurochs » : décentrement de la narration et point de vue animal dans les récits de Jean-Loup Trassard.
- 14h45 : Fabien REVOL - « Entre nostalgie du jardin des origines et la création réconciliée : Les animaux du monde de Narnia chez C.S. Lewis »
Tarifs
- Individuel : 65€
- Étudiants : 35€
- Formation continue : 215€