Deux événements majeurs ont rythmé l'année de la Chaire UNESCO
La chaire « Mémoire, Cultures et Interculturalité » a organisé, au cours de l’année universitaire 2018-2019, deux événements d’envergure sur les thématiques du terrorisme dans le Sahel et de la reconstruction de la paix en République démocratique du Congo.
mise à jour le 1 avril 2020
UCLy
Terrorisme dans le Sahel : une urgence sécuritaire et un problème de gouvernance
Les 20 et 21 mars 2019, a eu lieu un colloque sur le thème suivant : « La Francophonie face aux défis du terrorisme : le cas des États de la région du Sahel en Afrique ». Cet événement était organisé à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie 2019, sous le haut patronage de Son Excellence Madame Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Le colloque a été précédé d’une conférence de lancement intitulée "La gestion des crises dans l’espace francophone africain"
Celle-ci a été assurée par Son Excellence Monsieur Pierre Buyoya, diplomate, président de la République du Burundi (de 1987 à 1993, puis de 1996 à 2003), Haut Représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel, chef de la Mission de l’UA pour le Sahel et le Mali (MISAHEL).
Cette manifestation scientifique a vu la participation de plusieurs experts civils et militaires venus d’Afrique, d’Amérique du Nord et d’Europe. Elle a permis de traiter des questions majeures ayant trait à l’action contre le terrorisme dans les États de la région du Sahel, en Afrique, en abordant la question sous plusieurs angles : urgence sécuritaire, gouvernance et développement des pays.
L’urgence sécuritaire, une question cruciale à résoudre
Le problème posé par le terrorisme dans les États sahéliens est d’abord, et fondamentalement, d’ordre sécuritaire. C’est de la résolution de cette question cruciale de sécurité dans le Sahel que dépend tout le reste, notamment la paix, la bonne gouvernance, le développement, etc. Les dirigeants des États de cette région ont pris toute la mesure de ce fléau. Ils ont pleinement conscience qu’il représente une menace à la paix et à la sécurité pour tout le continent africain et bien au-delà. Aussi, en dépit des autres urgences auxquelles doivent faire face ces États, des stratégies idoines sont-elles développées et déployées, notamment dans le cadre du G5 Sahel, suivant une vision pour le long terme.
"Un colloque pour proposer une lecture, une analyse et une compréhension rationnelles du phénomène terroriste."
La problématique de la gouvernance et de l’État de droit
La lutte contre le terrorisme est d’abord un défi pour l’État de droit, pour la garantie des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Et ce pour au moins deux raisons : tout d’abord, le terrorisme est une atteinte particulièrement grave aux droits fondamentaux des personnes que l’État a la responsabilité principale de protéger. Mais, dans le même temps, en raison de l’ampleur et de la gravité de ce fléau, l’action légitime des États en vue d’éradiquer ce phénomène peut parfois comporter des risques d’atteinte aux droits et libertés
des personnes.
Dès lors, une question se pose : comment concilier l’action légitime de l’État contre le terrorisme sans pour autant perdre de vue les exigences fondamentales se rapportant au respect des droits de l’homme et à l’État de droit ?
Le développement en question
L’objectif est d’avoir une vision du développement qui soit à la fois juste et durable, ce qui constitue sans doute l’un des axes les plus prometteurs pour une prévention structurelle et efficace du terrorisme ou d’autres formes de criminalité organisée. Parler du développement juste et durable dans le Sahel, cela revient à prendre pleinement conscience des aspirations les plus profondes des populations de cette région, notamment en termes de satisfaction de leurs besoins de base en matière d’éducation, de santé, de sécurité
alimentaire, d’emploi, de bien-être, etc., avec une attention particulière pour la jeunesse…
Consciente de l’importance des enjeux de la Francophonie ainsi que des aspirations profondes des peuples de cet espace géopolitique, culturel et linguistique, notre chaire UNESCO a manifesté, dès sa création en 2007, un intérêt certain pour cette institution. Cela s’est traduit par la tenue d’un certain nombre de manifestations scientifiques, parmi lesquelles le séminaire international de recherche sur le thème : « La Francophonie face aux défis des droits de l’homme, de la paix et de la sécurité internationales » (Lyon, 10 juillet 2018). C’est dans la continuité de ses activités se rapportant à l’action de la Francophonie que la chaire UNESCO a organisé ce colloque international.
Proposer une analyse rationnelle du terrorisme
L’un des principaux objectifs du colloque est aussi, par ailleurs, de sensibiliser les jeunes chercheurs aux grands défis et aux enjeux majeurs de la mondialisation, de la gouvernance mondiale et du multilatéralisme
aujourd’hui. Dans cette optique, sont ainsi prioritairement mobilisés les membres du Cercle des doctorants (CERDOC), l’une des structures spécialisées de notre chaire UNESCO et dont les membres sont pour l’essentiel issus du monde francophone.
Plus fondamentalement encore, il s’agit pour notre chaire UNESCO, de par le mandat qui lui est conféré et la vision qui est la sienne en tant qu’institution universitaire de recherche scientifique, de proposer une lecture, une analyse et une compréhension rationnelles du phénomène terroriste. Une telle approche, mettant en présence des acteurs de terrain et des universitaires, des experts civils et militaires, etc., permet de débattre de la question du terrorisme dans toute sa complexité. Et ce tant du point de vue de son développement que par rapport à l’action légitime et concertée des États en vue de son éradication.
Une telle approche tend également à désessentialiser le débat et à récuser la thèse selon laquelle le terrorisme serait l’expression même du « choc des civilisations », théorisée il y a un peu plus de deux
décennies par Samuel Huntington et qui est toujours d’actualité.
Outre les étudiants des masters, dont ceux de l’Institut des droits de l’homme de Lyon (IDHL) et les doctorants du CERDOC, ce colloque international est aussi principalement destiné aux professions judiciaires (magistrats, avocats, officiers de police judiciaire, etc.), aux élèves avocats et autres candidats aux concours administratifs. Il s’agit pour notre chaire de contribuer à une connaissance plus avancée du phénomène terroriste et à une visibilité optimale de la Francophonie ainsi qu’à une meilleure lisibilité de ses actions en matière de paix et de sécurité.
Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, invité d’honneur
Autre événement phare de l’année 2018-2019 pour la chaire : la réception, le 30 mars 2019, du Dr Denis Mukwege (prix Nobel de la paix 2018), dans le cadre de ses conférences publiques. Cette manifestation, qui a vu la participation de 733 personnes issues de tous horizons, a porté sur le thème : « La problématique de la (re)construction de la paix en République démocratique du Congo (RDC) face aux défis de l’impunité ».
Un public éclectique
Dans l’assistance, on retrouvait le public traditionnel de la chaire UNESCO de l'UCLy, notamment les étudiants des différentes universités lyonnaises et de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), mais aussi les membres de la société civile, le corps judiciaire, les journalistes, les élus locaux, les missions consulaires, etc. Cette conférence exceptionnelle était également honorée de la présence des autorités de la Ville de Lyon (dont Monsieur le Maire Gérard Collomb) et des députés de l’Assemblée nationale. La diaspora congolaise était également présente, venue de différentes régions de France et même des pays limitrophes (Suisse, Belgique, Italie).
Cette conférence s’inscrit dans la continuité des activités de la chaire UNESCO relevant des Objectifs du développement durable (ODD), et plus spécialement le secteur « Paix, Justice et Institutions efficaces » auquel notre chaire UNESCO est rattachée (Secteur 16). Ces objectifs ont pour cadre l’Agenda 2030, adopté le 25 septembre 2015 par les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet spécial sur le développement durable.
"La conférence du Dr Denis Mukwege a été suivie par plus de 700 personnes, de tous horizons."