
Enzo : retour sur son stage au Conseil Départemental de la Réunion
Aujourd’hui en 3e année de Licence d’Histoire mineure Science Politique – Géopolitique, Enzo avait choisi le Conseil Départemental de la Réunion pour son stage de fin de 2e année.
Témoignages Choisir son orientation Histoire
mise à jour le 14 février 2025
UCLy
Enzo revient pour nous sur son expérience au Conseil Départemental de la Réunion.
Pourquoi avez-vous choisi de faire votre stage au conseil Départemental de La Réunion ?
J’ai choisi ce stage pour comprendre la politique locale d’un département d’outre-mer tel que La Réunion. J’avais également l’ambition d’endosser un rôle à haute responsabilité en travaillant pour une instance politique. Ce stage correspond à mes projets d’études qui sont relatifs à l’analyse et la mobilisation des connaissances en relations internationales et géopolitiques.
J’avais enfin pour ambition de connaître davantage la culture locale, mais surtout de la promouvoir à l’échelle internationale.
Quelles étaient vos missions principales pendant le stage ?
Ma principale mission consistait à promouvoir le patrimoine culturel de La Réunion. Plus précisément, son plus gros équipement culturel, le musée historique de Villèle, sur la scène internationale. Le musée de Villèle, lors de mon stage, était en cours de reconstruction et de réaménagement afin de devenir un musée d’histoire culturelle.
Quelles sont les compétences que vous avez pu développer ou renforcer durant votre stage ?
J’ai pu développer des compétences de rédaction, d’analyse d’articles, de communiqués de presse, de mailings et d’annuaires.
Comment votre formation en Histoire vous a-t-elle aidé dans vos tâches quotidiennes pendant ce stage ?
La formation en Histoire m’a permis d’avoir une meilleure compréhension des mécanismes relatifs aux relations internationales. J’ai également pu avoir une meilleure compréhension de l’histoire coloniale française (notamment à La Réunion).
Quel est le rôle du Conseil Départemental de la Réunion ?
Le Conseil Départemental de la Réunion a pour vocation d’établir des politiques publiques sociales, économiques et culturelles. Ces politiques permettent une cohésion territoriale optimale ainsi que le respect de l’intégrité et de l’autonomie.
Le Conseil Départemental regroupe, au sein d’une assemblée plénière, des élus départementaux qui ont la charge de prendre les grandes décisions. Pour le cas de La Réunion, les élus prennent des décisions qui sont exclusivement destinées à la population réunionnaise et aux infrastructures de l’île.
Les domaines d’action du Conseil départemental sont variés :
- Action sanitaire et sociale
- Gestion des routes et des déplacements
- Enseignement
- Culture
- etc.
Au sein de cette instance, il existe plusieurs autres services proposant d’autres approches politiques. En effet, le Conseil Départemental de la Réunion est composé de plusieurs directions telles que :
- la Direction des Affaires Juridiques et des Assemblées
- la Mission Coopération Internationale et Régionale
- la Direction Europe
- la Direction de la Culture
- etc.
Tous ces services ne se concentrent pas uniquement sur l’action locale. C’est, de facto, cet aspect qui a justifié mes motivations : la pluridisciplinarité du Conseil Départemental.
Pensez-vous que l’administration locale joue un rôle important dans la valorisation du patrimoine historique de l'île ?
L’administration locale, selon le service, peut jouer un rôle crucial dans la valorisation du patrimoine réunionnais. J’ai eu l’occasion de travailler aux côtés de la Direction de la Culture du Département. C'est celle qui prend les plus grandes décisions relatives aux questions culturelles.
D’autres administrations locales, telles que la préfecture ou encore la mairie, peuvent jouer un rôle dans la communication et dans la valorisation de chaque équipement culturel.
Avez-vous eu des moments marquants ou des projets auxquels vous avez particulièrement aimé contribuer ?
J’ai eu l’opportunité de travailler sur plusieurs projets, le premier étant la valorisation d’un immense patrimoine réunionnais à l’échelle internationale. Des missions de communication m’ont aussi été confiées. J’ai en effet participé à l’écriture d’un communiqué de presse sur une exposition ayant eu lieu aux États-Unis, à l’Université d’Arkansas. Cette exposition, intitulée L’Histoire de l’esclave Furcy, raconte l’histoire de Furcy Madeleine, ancien esclave d’origine réunionnaise qui s’est battu contre l’esclavagisme pour faire valoir son statut d’homme libre.
Sous la direction des chercheurs Jean Barbier et Jérémy Boutier, cette exposition a pour but de favoriser « une collaboration internationale entre le musée historique de Villèle et plusieurs institutions universitaires et culturelles américaines [qui] met en lumière l'histoire réunionnaise aux États-Unis ». Ainsi, afin de faire valoir ce partenariat, ma tutrice m’a chargé d’écrire un communiqué de presse relatif à cette exposition, lisible publiquement sur le site du Département.
Votre stage vous a-t-il permis de mieux comprendre l'histoire et le patrimoine local de La Réunion ?
Étant donné que j’ai effectué un stage au service culturel, j’ai pu en apprendre davantage sur le patrimoine culturel de l’île. L’île de La Réunion est principalement connue pour son histoire relative à l’esclavage, sa mémoire et sa commémoration. Le musée de Villèle, sur lequel je travaillais, est une ancienne demeure patrimoniale et coloniale réunionnaise détenue par Marie-Anne Thérèse Ombline Desbassayns, grande propriétaire foncière esclavagiste de l’île.
Pour connaître davantage l’histoire et le patrimoine de La Réunion, j’ai travaillé sur un événement très connu sur l’île : le Gran 20 désanm (Grand 20 décembre). Jour férié et date à laquelle les Réunionnais commémorent l'abolition de l’esclavage du 20 décembre 1848. J’ai eu l’occasion de me pencher sur cet événement dans le but de transmettre mon travail aux élus départementaux.
Le Grand 20 Désanm
Le Gran 20 désanm est un événement de plusieurs jours pendant lequel des ateliers et sous-événements ont lieu :
- Conférences/colloques
- Expositions
- Visites guidées
- Événements sportifs
- Cérémonies
- Concerts
- Animations
- etc.
La promotion de cet événement est donc essentielle pour la Direction de la Culture, puisqu’elle diffuse l’histoire de l’esclavage à l’échelle locale mais aussi internationale. Le Gran 20 désanm a lieu à chaque fin d’année, depuis 2018.
Mes travaux sur l’événement consistaient à synthétiser le contenu de chaque Gran 20 désanm, de 2018 à 2023, pour que le président du Conseil, Cyrille Melchior, en fasse la promotion lors de futurs colloques et au sein de l’assemblée plénière. Pour pouvoir effectuer un travail pertinent, un recensement de tout ce que cet événement a pour habitude d’organiser était nécessaire afin de présenter un tableau synthétique par année et par événement. Une fois le recensement terminé, je devais effectuer une synthèse écrite. Cette dernière a permis à ma tutrice d’avoir une vue d’ensemble de tous les événements organisés lors des Gran 20 désanm qui seront évoqués aux prochains colloques, interviews ou réunions d’assemblée plénière.
Comment votre stage a-t-il enrichi votre vision de la gestion des affaires publiques et la gouvernance locale ?
J’avais pour ambition de comprendre comment fonctionne le processus décisionnel. Au sein d’une instance telle que le Conseil Départemental, les décisions prises vont nécessairement concerner la population locale. Je voulais comprendre comment, par le biais d’une équipe ou de manière individuelle, une instance politique prend des décisions de telle envergure, ayant un impact socio-économique.
Cela m’a donc permis de m’ouvrir aux métiers relatifs à la politique publique. J’ai pu en apprendre davantage sur le patrimoine réunionnais, pour ensuite comprendre en quoi les politiques publiques favorisent son rayonnement. C’est par ce biais que ce stage m’offre une ouverture culturelle.
Mobilisant des acquis en matière des relations internationales, le stage m’a également permis de communiquer en anglais avec d’autres responsables d’institutions culturelles.
Ce stage a-t-il influencé vos choix professionnels ou vos projets pour l’avenir ?
Ce stage a manifestement joué un rôle dans mes choix professionnels car j’ai compris que la valorisation d’un patrimoine, surtout à l’échelle internationale, peut être intéressante du point de vue des relations internationales.
Cette expérience a été une véritable opportunité de réflexion sur mes projets d’études futures, en adéquation avec mes aspirations professionnelles. Il m’a permis de prendre conscience de l’importance et de la portée des métiers au sein des collectivités territoriales, en particulier à la Direction de la Culture.
Ce stage m’a ouvert les yeux sur les liens profonds entre le domaine de la culture et les relations internationales. Mon rôle principal, qui consistait à promouvoir la coopération internationale par des actions culturelles, m’a permis de saisir les multiples dimensions de cette fonction. Il ne s’agissait pas uniquement de mettre en avant la culture locale, mais aussi de tisser des relations durables et de construire des partenariats stratégiques, tant sur les plans politique qu’économique. Cette prise de conscience m’a conforté dans l’idée qu’il est essentiel de valoriser la richesse de notre patrimoine tout en contribuant à des initiatives globales.
À travers cette expérience, j’ai acquis une compréhension plus approfondie des relations internationales et de leur rôle dans le développement culturel. Ce stage a impliqué la collaboration avec de grandes institutions politiques et des acteurs de premier plan. La gestion de projets culturels dans un contexte de coopération internationale m’a fait réaliser l’importance de construire des ponts entre les cultures et de faire dialoguer les héritages historiques.
L’idée d’une carrière dans la valorisation du patrimoine réunionnais à l’échelle mondiale, par exemple au sein d’organisations telles que l’UNESCO ou des ONG culturelles, s’est renforcée et s’intègre désormais pleinement dans mes ambitions professionnelles.