Changeons de regard sur la privation de liberté
En réunissant différents professionnels et anciens détenus, le nouveau certificat universitaire « Droits debout » apporte une vision pluridisciplinaire sur les droits fondamentaux des personnes privées de liberté
Face au vif intérêt témoigné par un large public d’étudiants et de professionnels, « Droits debout » est devenu en 2017 un certificat universitaire. La formation est organisée par l’Institut des Sciences de la Famille en lien avec notre unité de recherche.
Le certificat est mû par une conviction profonde partagée par ses coorganisateurs, Alexandre Delavay, avocat au barreau de Paris et ancien étudiant de l’UCLy, et Marion Wagner, enseignant-chercheur : le changement de regard sur l’enfermement passe notamment par la formation des jeunes générations, tous citoyens et, pour la plupart, futurs praticiens du droit ou agents de l’État.
Faire barrage à la déshumanisation carcérale
La formation doit son nom à une volonté de voir les « droits » des personnes privées de liberté respectés, afin que ces individus vulnérables puissent rester « debout » malgré l’enfermement, qui accable le corps et l’esprit. « Droits debout » s’inscrit aussi dans un devoir de mémoire et d’enseignement ouvert qui anime l’Université catholique de Lyon. Si les bancs universitaires ont remplacé les hauts murs de la « Marmite du Diable » depuis 2015, la mémoire de ce lieu de souffrance mais aussi de résistance, et de ses occupants, doit perdurer et être transmise aux générations futures. Forte de ce supplément d’âme qui l’anime, « Droits debout » a également une visée universitaire et scientifique. Le cycle de formation s’est ouvert cette année avec une conférence inaugurale du professeur Jean-Marie Gueullette sur les origines de la prison en France. Pendant l’année, le certificat a réuni, durant des journées de formation thématique, des témoins, praticiens (avocats, magistrats, contrôleurs des lieux de privation de liberté) ou universitaires de tous horizons, toujours en présence de personnes anciennement privées de liberté. L’ambition est d’offrir aux futurs professionnels et à ceux déjà en activité une vision complète et pluridisciplinaire sur les droits fondamentaux des personnes incarcérées.
“Les journées de formation thématiques réunissent des témoins, praticiens (avocats, magistrats, contrôleurs des lieux de privation de liberté) ou universitaires de tous horizons, toujours en présence de personnes anciennement privées de liberté.”
Intervenants impliqués, thèmes ancrés dans la réalité
À cette fin, cette formation exigeante propose des journées au contenu inédit. Utile aux praticiens, en lien direct avec la réalité carcérale et assurant la représentation de la pluralité des intervenants en prison, chaque journée s’articule de la façon suivante : un témoignage d’un ancien détenu ; le développement du cadre juridique applicable au thème traité, ses enjeux et difficultés (« Que dit le droit ? ») ; et un éclairage concret par des retours de terrain sur la pratique (« Que dit la pratique ? »).
Les thèmes choisis sont ancrés dans la réalité : ce sont ceux qui présentent à ce jour le plus de questionnements concrets dans les lieux de privation de liberté ; droit au travail, droit à l’expression, droit à la liberté de croyance en sont des exemples. Les journées sont confiées à des responsables reconnus pour leur grande compétence sur le thème abordé. Quant aux intervenants, ils sont tous spécialistes des questions traitées et représentent la diversité des profils intéressés par la privation de liberté : personnes anciennement détenues, avocats, magistrats, universitaires, associatifs, aumôniers, personnels pénitentiaires, professionnels de la santé, etc.
“Le changement de regard sur l’enfermement passe notamment par la formation des jeunes générations, tous citoyens et, pour la plupart, futurs praticiens du droit ou agents de l’État.”
Une diversité d’acteurs qui assure la pérennité du projet
Gageons que « Droits debout », porté par l’UCLy et ses valeurs, forme encore longtemps des avocats, futurs avocats, magistrats, futurs magistrats, personnels pénitentiaires, futurs personnels pénitentiaires, associatifs, futurs associatifs… Pour que l’ensemble de la population regarde ces invisibles privés de liberté comme des personnes vulnérables.