Babel Bach : les étudiants de Lettres en première partie
Depuis la rentrée 2021, la Licence de Lettres Modernes propose à ses étudiantes et étudiants un atelier d’écriture créative.
Vie étudiante Culture Lettres modernes
mise à jour le 19 juin 2023
UCLy
Dans le cadre de l’Atelier d’écriture créative, animé par Mehdi Krüger, les étudiantes et étudiants de lettres modernes se sont essayés à l’écriture de Slams. Ils ont eu le plaisir d’interpréter leurs œuvres en première partie du concert Babel Bach, jeudi 30 mars 2023, à la Salle Sainte-Hélène.
La genèse du projet
Depuis la rentrée 2021, la Licence de Lettres Modernes propose à ses étudiantes et étudiants un atelier d’écriture créative. Ce cours, encadré par l’artiste Mehdi Krüger, permet de découvrir et d’appréhender la littérature par la pratique.
Chaque semestre mène ainsi à une concrétisation. En 2022 par exemple, les étudiantes et étudiants de Lettres ont eu la chance de publier un recueil de nouvelles librement inspirées de l’album Jazz de Queen.
Cette année, les étudiantes et les étudiants ont pu expérimenter l’écriture pour la mise en voix. Au premier semestre, ils ont réalisé un enregistrement de monologues sous forme de podcast. Un projet mené à bien avec la WebRadio de l’UCLy, Unisphère. Ce deuxième semestre fut, quant à lui, consacré à l’écriture pour la scène (scénario, slam, écriture pour les réseaux sociaux…) Un semestre qui se concrétise par le passage sur scène des étudiantes et étudiants en première partie du concert Babel Bach.
Babel Bach
Après Bach, le jour d’après, Babel Bach est le second volet du projet européen du Concert de l’Hostel-Dieu, Sentiers Musicaux Européens. À partir d’un épisode de la vie de Jean-Sébastien Bach, le slameur Mehdi Krüger et le directeur artistique Franck-Emmanuel Comte ont imaginé un spectacle mêlant la musique de Bach à des textes poétiques en italien, en allemand et en français. Sur scène, Simone Savogin, Josephine Von Blütenstaub et Mehdi Krüger sont accompagnés par la violoncelliste Aude Walker-Viry et le champion de beatbox Tiko.
Afin d’associer les étudiantes et les étudiants de la Licence de Lettres Modernes à ce projet ; afin de leur faire découvrir la scène et le rapport entre écriture et musique, Mehdi Krüger a proposé à ses élèves d’écrire des slams et de présenter leurs œuvres en première partie de Babel Bach. Les étudiants de Lettres ont donc eu leur quart d’heure de gloire jeudi 30 mars sur la scène de la Salle Sainte-Hélène à Lyon.
Les textes des étudiantes et étudiants de Lettres Modernes
Les étudiantes et étudiants de Lettres ayant participé à ce projet sont :
- Evan AZEMAR (L2)
- Émilie BREILLET (L3)
- Matthieu FOURNIER (L2)
- Zoé GIRAUD (L1)
- Samantha LY (L3)
- Céleste MARTIN (L1)
- Alexis MASSON (L1)
- Frédérique MLAZINDROU (L3)
- Fleur VALIDE (L2)
- Brune VALTON (L2)
Découvrez quelques-uns de leurs textes :
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L'envol | Brune VALTON
Mon corps est tendu, en suspens
Mes pieds ancrés dans le sol
Je m’élance et me déploie lentement
Le temps s’arrête, et je m’envole
Il me faut partir.
L’urgence se dispute avec l’excitation
Mes craintes m’envahissent, manquent me faire faiblir
Mais renoncer, il n’en est pas question.
Car je n’ai plus le temps.
Moi, l’être infaillible, l’éternel, le rayonnant
La lassitude engourdit mes membres
Tandis que le coq entame son dernier chant.
Je veux tout voir, tout vivre, tout ressentir
Une dernière fois
Encore une fois…
Le monde s’ouvre à moi, j’en connais les secrets
Chacune de ses lois, sa noirceur et ses attraits
Perdue dans la contemplation d’une nature qui m’enchante,
Je sens monter en moi un sentiment étrange.
La peur de l’oubli s’installe, sinueuse,
Me réveille en sursaut dans la nuit silencieuse.
Je sens mon corps basculer dans un gouffre sans fond
Mais je résiste et m’accroche encore au soleil et ses rayons.
Dans le ballet éternel du monde
Je me laisse entraîner et prend place dans la ronde
Bientôt viendra le temps de tirer ma révérence
Mais pour quelques instants encore, je danse.
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L'embrasement | Zoé GIRAUD
Sous un soleil incandescent,
Le doux souffle du vent,
Qui effleurait ma peau.
Le bruissement des roseaux,
Joint à un ciel étincelant.
Je gisais là las,
Comme si la beauté naturelle,
Était inatteignable pour un simple mortel.
Deux lutteurs,
La Passion contre la Raison,
Se livrant un combat mortel,
Au sein de mon enveloppe charnelle.
Mes démons me tiraillant,
Enflammant mon esprit tels des tisons ardents.
Le gémissement d’une colombe,
Majestueuse reine d’outre-tombe.
De longues ailes blanches,
Douces comme une caresse sur des hanches,
Pleines d’Espoir.
Je veux y croire.
Paupières lourdes,
Être en désordre.
Au loin des sons de fêtes,
Je me sens perdre la tête.
Je brûle.
Ces flammes qui happent mon âme,
Embrasent mon esprit.
Je me sens déjà défaillir, céder, à mon infernal Enfer.
Je ne suis qu’un de ces dantesques condamnés,
Prisonnier de ma septième bolge,
Me déformant et réformant infiniment,
Pour souffrir éternellement.
Je devine la candide lueur,
Simple spectateur,
Triste observateur,
À travers les fragments brisés de mon cœur,
Froid,
Insensible,
Face à toute cette splendeur.
Comme fantôme prisonnier d’une douce torpeur,
Je sombre,
Un peu,
Plus,
Encore,
Loin.
-
Matthieu FOURNIER
Je suis dans un paysage blanc
Perdu dans le vent
Étant un extraordinaire oiseau
Né dans un nid haut
Ultra minuscule
Dans un crépuscule lugubre
La douleur est telle que je l’embrasse
Avec extase
Comme hier
Et comme demain
-
Frédérique MLAZINDROU
Le manteau chuta au sol, blanc. Sa vitalité s’était évaporée, ankylosée. Le monde s’engourdit avec lui, une perte de conscience à l’approche de la tempête lointaine. Une perte de confiance, créatrice d’une tempête interne. Cris assourdis, silence choisi par la vie. Les mains tentèrent de s’accrocher au vêtement gelé, s’agripper, espérer s’arrimer. Elles échouèrent contre une poitrine qui, en vain, se relevait.
Les doigts recroquevillés, blancs. La température s’en était allée, abandonnée. La respiration était laborieuse, une difficulté à rester présente dans l’histoire qui aurait dû être la sienne. Une division de son être, aussi résiduelle qu’une pluie diluvienne. Elle pleurait, sans un mot prononcé. Le corps se tourna, voulut se redresser, perdu dans le sol glacé, peur de glisser. Il glissa, face contre une neige qui, pleine de douleur, l’emprisonnait.
Les paupières étaient closes. Noir. Elle ne souhaitait plus se relever, fin. Terminé. La répétition du cycle de douleur n’était plus supportable, un sombre désir de le quitter. Il n’y avait plus de morceau à récupérer, plus rien à sauver, tout devait s’arrêter. Elle n’était plus rien, et elle ne désirait plus être. Un dernier souffle la quitta, elle n’essaya pas, elle ne relevait plus. La vie, les vies avaient gagné, pour la dernière fois.
-
Renaissance
Les nuits sont des étoiles,
SILENCE !
Il faisait noir, il fait noir, il fera noir et il fera toujours noir. Je suis seul, mon esprit parcourt ce même et même chemin sans jamais trouver ni but ni fin, et pourtant je veux me réveiller alors j’avance…
SILENCE !
Il fait lourd. J’avance, atmosphère étouffante, pression de l’air lourde, silence pesant et bruyant mais…
J’avance, encore, je bute, il me retenait, il me retient, il me retiendra et il me retiendra toujours.
SILENCE !
Une lumière, un son, une vibration alors j’avance…
J’avance, j’avance, j’avance, je ne peux plus m’arrêter je suis en marche vers mon prochain arrêt.
SILENCE !
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Samantha LY
Je souffle. J’exhale. Mes plumes se consument, à la façon des étoiles.
Voilà qu’encore une fois, je renais de mes cendres et, à la lisière de mes sens, un vœu m’apparaît.
Un vœu, que je fais, et que pour une fois, à la faveur de la lumière en moi, je veux éclairer.
Alors voici, mes amis, une nouvelle vie que j’incarne encore, sous la forme d’un astre qui volera, qui brulera, qui pleurera et qui animera.
Voilà ce que je souhaite.
Mon destin est lié à l’éternité et je veux,
Comme le rossignol en été, comme les bardes enflammés,
Je veux, pour maintenant et pour toujours, renaître oui, pleurer aussi, mais surtout, oh et combien, je veux chanter.
J’exige que les âmes, par ma voix s’animent et s’enflamment comme moi.
Alors, je pourrai, sous un nuage ou une éclipse, cesser d’errer.
Alors, je pourrai ne plus mourir et vivre, à la façon d’un mot prononcé ou d’une mélodie jouée.
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