Résumé
La rencontre avec une personne en situation de handicap est toujours une expérience troublante. Cette relation asymétrique génère un ensemble de ressentis perturbés qui questionne la qualité de la communication intersubjective. Quelle signification peut-on donner à cet affect sensible ? Que dévoile-t-il de la vie intérieure du professionnel, du parent, du croyant ? L’approche phénoménologique du trouble permet d’en décrire les linéaments et de mieux en comprendre le sens.
L’existence chrétienne apporte un éclairage exégétique et théologique singulier et
rassurant sur la façon dont il convient de vivre et d’assumer sa sensibilité. En valorisant l’incarnation au cœur du mystère de la foi, le croyant peut ordonner sa vie charnelle et intérieure d’une façon constructive qui se déploie au sein d’une théologie de l’acceptation. Celle-ci permet à l’Eglise de renforcer sa responsabilité prophétique ; elle n’hésite pas à troubler un monde de moins en moins lisible. Guidé par la confiance, le chrétien engagé s’ouvre à une expérience de la dépossession car le doute ne l’effraie plus.
Cette vision consolante de la condition humaine invite l’homme ordinaire à ne pas rester inactif face à ce qu’il éprouve. Il met alors en œuvre une éthique sensible qui déborde les axiologies du care et qui transforme la liminalité de sa situation en ouverture curieuse à la différence. Le chrétien y souscrit et inscrit cette approche dans une démarche de démaîtrise qui s’engage à la suite du Christ. Cette vision positive et courageuse permet en particulier aux acteurs du secteur médico-social de transformer courageusement la plainte en solidarité. L’incertitude n’est plus objet de crainte ; elle s’inscrit dans une attitude de consentement éclairé permettant un meilleur bien-être.
Cette valorisation des contrariétés provoquées par le réel de la rencontre de la
vulnérabilité est de nature à enrichir la vie intérieure et à dynamiser la théologie morale. Elle permet de poursuivre le processus interne et continu de conversion, d’union de l’âme à Dieu. Elle repousse un narcissisme envahissant et complaisant. L’homme troublé et sensible qu’est le baptisé est ainsi invité à habiter sa véritable demeure, celle d’une attention à soi, d’un souci de l’autre et d’un accueil du don divin, au sein d’une vie spirituelle enfin apaisée.
Mots-clés
Acceptation, consolation, doute, éthique, handicap, intériorité, liminalité, ressenti,
sensibilité, trouble, vérité, vulnérabilité.
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Diplôme de 3ème cycle en théologie ouvrant vers l’enseignement supérieur et la recherche. Possibilité de co-tutelles avec des Universités d’État.