Accueillir les Jeux Olympiques 2024 : célébrer l'interculturalité !

L'interculturalité est dans l'air du temps, les Jeux Olympiques(JO) également ! Cela ne fait aucun doute : si la France n'active pas les bonnes compétences en matière de management interculturel, elle court le risque de mal accueillir les JO d'été 2024. Le management de l'interculturalité investit cet événement sportif internationalisé, qui sera célébré du 26 juillet au 11 août 2024 à Paris. C'est une gageure que de dire qu'il y aura du monde. L'honneur de recevoir tant de personnes, de quasiment tous les horizons, en fait découler une responsabilité : celle de satisfaire à un management pertinent, doué d'une approche opérationnelle de l'interculturalité. Comment définir / appréhender ce concept ? Dans quelle mesure l'interculturalité constitue-t-elle un enjeu pour les JO 2024 ?

L’interculturalité, un enjeu pour les JO 2024

L'exploration des questions émergentes que pose le management interculturel met en lumière de nombreux défis à propos de l’accueil projeté par les différents ministères et associations. L’interculturalité se réfère à l’échange réciproque entre des normes et des visions culturelles qui interagissent ensemble, non pas dans une logique de domination, de compétition ou de stigmatisation, mais plutôt dans le cadre d’une compréhension culturelle enrichissante, paisible à travers un système de valeurs et de reconnaissance mutuelles.

Pour le traduire sous l’angle du management interculturel, il appartient à la France de savoir réserver un bon accueil aux différents personnels des fédérations sportives internationales, régionales et nationales, de savoir coconstruire la réussite de cet évènement, de savoir interagir avec les partenaires étrangers, de savoir communiquer en contexte interculturel. Il faudra que notre pays emploie un style de management de nature à donner corps effectif à la macro-logistique qu’appelle une telle « messe » du sport. Le savoir-être ensemble en est la pierre de touche. Plus ultra, il lui faudra manier avec aisance les outils de prévention/gestion des conflits culturels, à savoir l’écoute active, l’accompagnement, la négociation et la communication interculturelle[1].

Par exemple et de façon concrète : accompagner la formulation et l’expression des désaccords liés à l’organisation globale et sectorielle, aux impératifs de sécurité, à la restauration, au déplacement de population ; développer des mécanismes de confiance et de cohésion entre les personnels des équipes accueillies ; privilégier les questions ouvertes pour favoriser des solution par l’échange ; disposer d’un bataillon de médiateurs/référents interculturels dotés de compétences et de connaissances linguistiques et culturelles, outil précieux pour faciliter les échanges à la fois de façon verticale et horizontale : observation, consultation, empathie dans les relations interpersonnelles avec une perspective qui en même temps qu’elle n’édulcore pas les différences culturelles, ne donne aucune chance aux préjugés ou présupposés référentiels.

Les chiffres des JO de Paris sont impressionnants et éloquents :

« Paris 2024 », ce sont environ 10 500 athlètes originaires de 206 Comités Nationaux Olympiques (CNO)[1].

« Paris 2024 », c’est une cérémonie d'ouverture longue de 6 km.

« Paris 2024 », c’est la Seine qui accueillera 600 000 personnes.

« Paris 2024 », ce sont 10 millions de billets et 4 milliards de téléspectateurs.

[1] https://olympics.com/fr/paris-2024, consulté le 08 mai 2024.

Les JO au XXIème siècle, c’est l’idée même d’une culture qui a su déborder ses frontières

Il faut voir que les JO au XXIème siècle, c’est l’idée même d’une culture qui a su déborder ses frontières, dialoguer et être accueillie à l’échelle du monde.

Les JO de l'Antiquité grecque dans le Péloponnèse ont gagné un nombre spectaculaire de pays.

Ceci donne l’occasion de voir que l’ouverture à l’autre et à l’altérité permet de juguler, d’amoindrir ou d’éliminer les radicalités et les préjugés, tout en se présentant comme une source d’innovation, de créativité, de rencontre, d’enrichissement et de bien-être. Ces sujets, au fond, dressent l’inventaire de l’éligibilité du particulier dans l’universel. Il y a donc sens à soutenir que l’interculturalité, c’est à la fois l’individu et la multitude ; l’unité et la communauté des hommes. Le progrès de l’Humanité semble, in fine, dépendre de comment les hommes réussissent à faire dialoguer l’universel et le particulier.

L’interculturalité, puissant levier pour tisser des liens par-delà les différences

Ce défi de l’interculturalité et du savoir-être ensemble doit être enseigné dès le plus jeune âge.  Chaque être humain est imprégné de sa propre culture (terrain des valeurs, intérêts, langues, divertissements, échanges, parenté, vie en société) ; laquelle, de bout en bout, conçoit les lunettes à partir desquelles ce dernier observe, se socialise, rejette ou juge le monde. Puisque celle-ci joue un si grand rôle, il est bon de lui donner dès le départ un sens et un souffle qui ne rejettent pas l’altérité, mais qui l’ouvrent sur l’extérieur : c’est l’enculturation. C’est ainsi que pour l’UNESCO, « la culture constitue un puissant levier pour tisser des liens par-delà les différences. Elle fédère les populations et soutient ainsi la cohésion sociale, la paix et la sécurité ». La Chaire UNESCO de l’UCLy, depuis bientôt dix ans, contribue à tracer ce sillon à travers le Diplôme universitaire (DU) Gestion de conflit, Médiation et Interculturalité.

Les JO 2024 engagent la notoriété de la France sur le terrain de l’interculturalité. La compréhension de ce concept, qui appelle un savoir-être/faire, est un outil indispensable pour une société qui se veut accueillante. Alors que les yeux du monde entier seront braqués sur la France, réussir ces JO en termes de management interculturel, c’est finalement renforcer et vivifier la coopération avec les autres pays dont les ressortissants se retrouveront sur le sol français, au cours de ce rendez-vous mondial du sport. C’est, de façon ultime, célébrer quelque chose qui appartient au domaine du patrimoine interculturel de l’Humanité : la fraternité ! Il s’agit ici d’une ressource indispensable au rayonnement culturel stratégique, au service d’un nouveau concept cher à la puissance douce en diplomatie : la Nation Branding

Un article écrit par Dr.  Mariame Viviane NAKOULMA, Enseignante universitaire Droit/Science politique Directrice pédagogique du DU Gestion de conflit Chaire UNESCO_ UCLy

Se former à l'interculturalité : découvrir la formation proposée à l'UCLy, par la Chaire UNESCO :