Prérequis pour le cours
Avoir lu les œuvres au programme.
Objectifs
L’objectif de ce cours est d’approfondir et d’affiner les connaissances de l’étudiant ou de l’étudiante sur la littérature française et étrangère à partir d’une notion transversale, « le tragique ». Au carrefour de la littérature et de la philosophie, il s’agira de problématiser la notion de « tragique » et de prendre la mesure de ses significations au fil de l’histoire littéraire. L’objectif est donc d’abord théorique : il s’agira de se familiariser avec l’usage des notions abstraites de la théorie littéraire, appliquée à des œuvres précises. Outre ce savoir positif, il s’agira d’acquérir une méthode rigoureuse de l’explication de texte tout en se familiarisant avec les outils méthodologiques de l’étude littéraire. Au terme du semestre, l’étudiant ou l’étudiante saura analyser des textes littéraires en convoquant les notions-phares de la théorie littéraire.
Contenu
Quel critère peut nous permettre d’affirmer qu’un événement est tragique ?
Derrière l’évidence du langage courant se cache en réalité un problème complexe que la rencontre entre la philosophie et la littérature nous permettra de résoudre. Qualifier un événement de tragique, c’est considérer qu’il est le résultat d’une causalité inévitable produite par une force extérieure à l’homme, une puissante transcendante qui justifie que l’on parle de destin ou de fatalité. Pour autant, l’homme n’est-il pas responsable de ses actes ? Il a néanmoins participé à la catastrophe qui s’abat sur lui, à l’instar d’Œdipe, coupable, entre autres, d’hybris. En d’autres termes, le tragique dépend de la manière dont on pense la nature humaine à partir notamment des notions de faute, d’innocence et de culpabilité, et dont on interprète la relation entre l’homme et la transcendance. La tragédie grecque du Ve siècle av. J-C. coïncide ainsi avec l’avènement d’un sujet et d’une conscience tragiques : le héros est coupable et innocent à la fois, agent et agi.
À partir de ce corpus s’est imposée au XIXe siècle l’idée que le propre du tragique résidait dans le conflit entre le sujet et la fatalité. Mais cette approche philosophique convient-elle à d’autres textes ? Il s’agira ainsi de se demander si cette conception de tragique, inventée en même temps que le genre de la tragédie, ne fausse pas notre interprétation du théâtre racinien ou cornélien par exemple. On s’interrogera aussi sur les formes nouvelles de la fatalité comme le déterminisme social et on réfléchira à ce que pourrait être, à l’ombre du tragique spectaculaire du théâtre grec, une forme plus ténue du tragique : on étudiera ainsi le tragique quotidien à partir du théâtre naturaliste d’Ibsen par exemple, pour aborder les formes plus contemporaines du tragique (tragique du quotidien, théâtre de l’absurde…).
Enfin, de manière plus transversale, on réfléchira, à partir des personnages féminins de Corneille, de Racine et d’Ibsen, si l’on peut penser une spécificité du tragique au féminin.
Références bibliographiques
- SOPHOCLE, Tragédies, Paris : Gallimard, 1973 (Folio classique)
- CORNEILLE, Horace, Paris: GF, 2007.
- RACINE, Britannicus, Paris : GF, 2010.
- IBSEN, Maison de Poupée, Paris : GF, 2022.
Lectures complémentaires :
- VERNANT, Jean-Pierre et VIDAL-NAQUET, Pierre, Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Paris : La Découverte, [1972], 2001.
Méthodes d’évaluation
Au moins un contrôle continu durant le semestre, et une évaluation terminale pendant la session d’examens.
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