Résumés des articles du second volume du 8ème tome de la revue Théophilyon
Pierre Benoit - Edith Stein : Une philosophie de la vie spirituelle
L'itinéraire spirituel d'une vie s'enracine dans une activité personnelle, celle de l'esprit. E. Stein, qu'on connaît pour son expérience mystique, a pensé aussi la nature de la vie spirituelle en philosophe. Elle la définit comme « une vie remplie de sens ». Quel est ce sens ? Quelle est la structure de la vie spirituelle ? Quelle est son objectivité ? Voici trois questions où se rencontrent l'anthropologie et la métaphysique. Là où Heidegger, son contemporain, nous convie à une ontologie existentiale dépourvue de transcendance, E. Stein manifeste que la découverte du sens de l'existence, celle de sa finitude et de sa temporalité, s'éclaire authentiquement, selon la structure même de l'esprit, en Dieu. Elle propose ainsi une ontologie de la vie spirituelle à partir d'une métaphysique n'hésitant pas à se ressourcer dans la révélation chrétienne. Nous la suivrons en particulier à travers son ouvrage majeur L'être fini et l'être éternel.
Ingmar Granstedt - Etty Hillesum : Une parole de Dieu dans la Shoah
La fulgurante évolution spirituelle d'Etty Hillesum la conduit en moins de trois ans (1941-1943) de l'état de jeune femme assez banalement « moderne » à celui de grande mystique faisant face à la Shoah. Ce chemin est évoqué à travers quatre points. D'abord son entrée dans la liberté la plus personnelle grâce au resserrement croissant de la relation à l'autre (J. Spier, puis Dieu), au sein d'une double relation triangulaire. Ensuite l'évolution de sa prière par « l'écoute au-dedans » de la vie sur trois registres. Puis son acceptation de la souffrance inéluctable, comprise comme « activité passive », grâce à son effort inlassable pour « s'expliquer avec tout ». Enfin sa façon exceptionnelle de révéler la présence de Dieu aux hommes dans le contexte extrême du génocide des Juifs.
Jean-Jacques Pérennès - Itinéraire d'une vie donnée : Pierre Claverie
L'appel de jeunesse à « se donner à fond pour quelque chose qui vaille la peine » et à « sortir de soi vers l'autre » a pris chez Pierre Claverie la forme d'une double vocation, « algérienne » et « dominicaine ». Eprouvé par la guerre d'Algérie qui le fait sortir de la « bulle » coloniale, il vivra les moments de crise et de fracture de l'histoire comme l'occasion de donner, en nous, une place plus profonde à Dieu, et de rendre son amour présent à travers l'ouverture à l'autre, quoi qu'il en coûte. Assassiné en 1996, il est devenu signe du Corps du Christ - d'un Christ qui reste avec ceux qui souffrent et meurt pour tous - et témoin de l'amour fou qui unit le Père, le Fils et l'Esprit.
Françoise Jacquin - Jules Monchanin et Henri Le Saux, aventuriers de l’Absolu
Il y a un demi-siècle, deux hommes se jetaient corps et âme à la recherche d'une synthèse entre hindouisme et christianisme. En leur petit ashram du Saccidananda ils se sont engagés à vivre la double appartenance de sannyasi chrétien. Mais leur formation et leurs tempéraments contrastés les ont conduits à incarner cet idéal par des voies différentes. L'abbé Jules Monchanin, de plus en plus sceptique quant à la synthèse espérée, a intériorisé sa démarche, l'assumant comme une épreuve kénotique. Le bénédictin Henri Le Saux a sans doute mieux adhéré à la démarche des spirituels hindous à la recherche de l'éveil. Sa plongée « au dedans », ses « montées » vers les cimes himalayennes parmi des foules ferventes l'ont amené à envisager la rencontre de l'hindouisme et du christianisme sur le mode du dépassement. Il reste que l'expérience et la réflexion de ces deux précurseurs, continuent d'éclairer le monumental défi posé par le pluralisme religieux au christianisme du troisième millénaire.
Simone Pacot - La guérison intérieure - Qu’est-ce que guérir ?
Beaucoup se posent actuellement la question : qu'entend-on par guérison ? Faut-il guérir à tout prix, selon l'expression de Bernard Ugueux ? Jésus le Christ, n'est pas venu uniquement pour guérir. Mais si tous ne sont pas guéris de façon visible, perceptible, il leur offert la guérison la plus profonde qui soit, le salut, qui permet par, avec et en Christ, de découvrir Dieu non seulement comme Créateur mais comme Père, de déployer leur condition des fils et filles de Dieu. Quelle réponse apporter à ce don, cette invite ? Découvrir la dimension essentiellement spirituelle d'un parcours qui va tenir compte des différentes composantes de l'être humain : sa psyché, son corps, sans les dénier et en les situant à leur juste place, le cœur profond qui les anime, est un trajet de conversion, le véritable chemin de nos Pâques.
Yvon Le Mince - Les nouvelles quêtes de sens : danger à éviter ou aventure à vivre ?
L'aspect nébuleux des nouvelles quêtes spirituelles cache une anthropologie unifiée caractérisée par l'importance de l'énergie, des niveaux de conscience, de l'expérience, des corps physique et subtil, d'une relativisation de l'intellect, d'une globalité où l'invisible l'emporte sur le visible. Le Divin y est souvent impersonnel et ignore la Trinité. L'homme y est conçu comme un ensemble vibratoire, divin dans son fond. La relation dialoguale y tient peu de place. Et certains groupes relèvent d'un fonctionnement sectaire, manipulateur et totalitaire. Vis à vis de cette vision du monde, les réactions chrétiennes divergent, allant de la condamnation à l' accueil critique. En effet, l'évangile peut-il se vivre dans cette anthropologie et, si oui, jusqu'où ?
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