Thèse d'Andrés CALDERÓN RAMOS : The Haitian Revolution and epistemic injustice

Thèse de philosophie

Andrés CALDERÓN RAMOS a soutenu sa thèse en philosophie le 21 juin 2024 à 11h, à l'Université de Pérouse (Italie). La soutenance sera en anglais.

Codirecteurs de thèse : Emmanuel d’Hombres (UCLy), Pr Massimiliano Marianelli (Perugia)

Mention : Très bien avec les félicitations du jury

Jury

  • Pr Giuseppe D’Anna, Université catholique de Milan (Italie)
  • ⁠Pr Gianluca Garelli, Université de Florence (Italie)
  • ⁠Dr Aimable Dufatanye, UCLy (Lyon)
  • ⁠Pr Jean-Philippe Pierron, Université de Bourgogne
  • Dr Chiara Pesaresi, UCLy (Lyon)
  • Pr Massimiliano Marianelli, Université de Pérouse (Italie)

Résumé de la thèse

La révolution haïtienne fut la première à abolir définitivement l’esclavage sur son territoire, incarnant à la fois les idéaux des penseurs des Lumières et les principes révolutionnaires des deux autres grandes révolutions atlantiques du XVIIIe siècle, la française et l’américaine. Cependant, malgré son importance historique, cette révolution a reçu moins d’attention que ses homologues atlantiques, et sa contribution à la transformation et à la remise en question de l’universalité des concepts révolutionnaires est parfois ignorée dans la littérature générale.

Cette thèse analyse les événements et les groupes autour de la révolution haïtienne, en utilisant des outils conceptuels autour de la littérature sur l’injustice épistémique, afin de montrer comment les conditions coloniales ont été conçues pour rendre la participation des esclaves dans le monde herméneutique atlantique non pertinente, malgré leur importance dans la composition de ce monde atlantique, et d’analyser les défis que l’insurrection a produits, à la fois dans les sphères matérielles et conceptuelles.

La notion d’impensabilité du soulèvement des esclaves développée par Trouillot s’avère cruciale, car elle établit à la fois les conditions herméneutiques structurelles qui ont rendu improbables l’action et l’autonomie des esclaves en dehors de l’autorité des propriétaires d’esclaves, et montre l’intentionnalité de la non-reconnaissance des actions révolutionnaires des esclaves pour reproduire cette impensabilité alors même qu’elles se produisaient. L’insurrection des esclaves était donc structurellement difficile à concevoir, tout en étant un événement que les acteurs coloniaux cherchaient à réduire au silence par leurs actions, à la fois sur le plan matériel et - ce qui est plus important pour ce travail - pour les implications qu’il pourrait avoir dans la « grammaire » de l’Atlantique.