Pourquoi avoir choisi de créer une entreprise adaptée ?
Handishare existe pour trois raisons. Tout d’abord, je suis moi-même concernée par le handicap, suite à un accident de train et des maladies auto-immunes.
Il y a aussi ma carrière. J’ai travaillé 25 ans dans de grands groupes, et j’y ai remarqué que la finance y a pris le pas sur l’humain. Pourtant, quand on interroge les jeunes aujourd’hui, on voit bien que le salaire n’est plus la dominante dans le choix de leur emploi. Ils préfèrent les entreprises avec des projets humains. Faire grandir les salariés dans l’entreprise, sans penser uniquement au business, c'est important !
Enfin, il y a une raison qui trouve sa source dans une expérience humanitaire en famille. Avec mon époux et nos quatre enfants, nous sommes partis en vacances à Madagascar. C’est suite à ce voyage que nous nous sommes dit qu’il n’était pas possible de vivre chacun pour soi. Nous devons aller au-devant les uns des autres.
Comment travaille Handishare ?
Chez Handishare nous voulons créer un environnement de travail bienveillant et humain, pour aider des personnes qui arrivent souvent complètement détruites par la vie à se reconstruire. Aujourd’hui, 75% de nos salariés sont en situation de handicap. Ce sont souvent des personnes qui sont touchées, comme je l’ai moi-même été, par un accident de la vie qui exerçaient un métier devenu incompatible avec leurs problèmes de santé.
Ces personnes avaient une carrière (aide-soignante, carrossier, vigneron…), et ils doivent repartir de zéro. Nous leur proposons une formation pour les faire monter en compétence sur des nouveaux métiers et leur permettre ainsi de démarrer une nouvelle vie professionnelle.
Nos emplois sont des CDI sur des missions en ressources humaines, en achat, en gestion et en marketing pour le compte de nos clients, surtout de grands groupes nationaux. Attention, il ne s’agit pas de faire du charity-business, ce sont des métiers très pointus ! Suite au développement de deux logiciels spécifiques, nous travaillons par exemple sur la gestion des visites médicales de nos clients en fullweb (plus de 20 000 salariés gérés aujourd’hui), et sur la gestion de leurs plans de formation. Proposer un accompagnement sur mesure, faire preuve d’innovation et d’agilité, s’engager au service de la performance de nos clients… C’est nécessaire pour faire changer les regards sur le handicap.
Quelle est la différence entre le travail pour Handishare et une entreprise conventionnelle ?
Chez Handishare, nous avons décidé de favoriser l’esprit d’équipe, et pris les décisions nécessaires pour l’entretenir. Pour commencer, nos salariés n’ont pas à se déplacer chez le client pour leurs missions, ils travaillent depuis nos locaux à Limonest. Puis dès la deuxième année après notre création, nous avons proposé aux salariés un intéressement sur nos résultats. Pour moi, il est indispensable que le fruit de leur travail leur revienne.
J'ai une conviction : pour grandir dans la vie, il ne faut pas uniquement recevoir mais être capable de donner.
Patricia Gros, fondatrice d'Handishare
Les personnes que l’on aide à retrouver une vie professionnelle sont plutôt dans une optique de recevoir. Elles ont besoin d’aide à un moment important de leur vie, nous leur tendons la main pour qu’elles retrouvent un travail. Mais j’ai une conviction : pour grandir dans la vie il ne faut pas uniquement recevoir, mais être capable de donner.
Nous avons donc souhaité aller plus loin ! Nous avons proposé à ces personnes en reconversion de se mettre en position de donner. Non pas donner de l’argent, mais donner du temps. Nous construisons ensemble des projets humanitaires, pour Madagascar. Participer à un projet collectif, c’est une autre façon de se reconstruire. Cela permet de reprendre confiance en soi.
Quel est votre espoir pour l’avenir d’Handishare ?
La réussite pour Handishare ce n’est pas seulement le développement des effectifs et de notre chiffre d’affaire… C’est surtout notre participation à un projet sociétal, pour faire changer les regards sur le handicap en entreprise.
Donc mon espoir pour l’avenir, c’est que l’on n’existe plus ! Cela voudrait dire que le monde de l’entreprise aura compris qu’il pouvait employer les personnes en situation de handicap… Mais ce n’est pas pour demain. J’ai la tête dans les étoiles, mais les pieds sur Terre !
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