Journées de l’UCLy : réflexion et action au cœur de la 1ère édition

Les 12 et 13 mai 2022, l’Université a accueilli et organisé les Journées de l’UCLy sur le campus Saint-Paul. Cette première édition imaginée par notre Chaire d'Université sur les Vulnérabilités portait sur les vulnérabilités économiques, écologiques et sociales avec un leitmotiv « Comprendre pour Agir ». Le public, hétéroclite et intergénérationnel, a participé avec enthousiasme aux échanges des différents intervenants. Ces derniers ont fait montre de réflexion et apporté des éléments de réponse à cette thématique.

Comprendre pour agir

Pour les intervenants comme pour les spectateurs, ces Journées étaient tournées vers l’action et les solutions. « Comprendre pour agir » est la signature de ces rencontres tournées certes vers le questionnement et l’analyse, mais aussi vers les solutions à mettre en place pour améliorer notre société.

Cette première édition s’avère réussie tant dans son organisation que dans le retour très positif des participants : l’auditoire et les intervenants. Pour les acteurs du monde universitaire, économique et social qui avaient été invités à s’exprimer, ces Journées créent une dynamique, elles se révèlent comme un pont bâti entre la réflexion et l’action.

Le Recteur Olivier Artus a inauguré cet événement inédit en rappelant que dans l’encyclique Laudato si, consacrée en particulier à l’écologie et à l’économie, le pape François exprime l’idée que « tout est lié dans le monde, aussi bien la question écologique, la gestion économique des rapports nord sud, que la gouvernance des états proprement dite. Le pape invite ainsi à une approche systémique et pluridisciplinaire des défis contemporains ». Le Recteur a spécifié que « c’est bien cette intuition qui a présidé à la construction de ces Journées de l’UCly ».

Un public hétéroclite conquis

Du côté du public, le grand comme le professionnel et l’étudiant, les retours étaient élogieux et encourageants : « Ces Journées me réjouissent et m’enrichissent », s’exclame une responsable d'APICIL à la sortie de la table ronde entre théologiens. « En tant que directrice d’association, ces rencontres me permettent de réfléchir à ma pratique », confiait une autre à l’issue du 2ème débat. Un étudiant a quant à lui trouvé que « la qualité des intervenants est remarquable, cet événement est une vraie opportunité d’avoir accès à leurs opinions et expériences, de pouvoir les interroger sur des thèmes précis. ».

Des étudiants des écoles et facultés de l'UCLy ont rythmé les échanges avec le public après chaque table ronde en posant des questions pertinentes aux professionnels invités. Nous avons par exemple noté : « Quelles interactions et quelle vison commune peuvent partager les entreprises et les associations dans les prochaines années pour lutter contre les vulnérabilités ? » ou encore « Comment réformer l’éducation nationale pour répondre aux défis de l’emploi et aux réalités économiques ? ».

Les vulnérabilités dans l’économie

Ces Journées ont eu l’honneur d’accueillir deux Grands Témoins prestigieux : Louis Gallois et Esther Duflo qui ont respectivement introduit et clos l’événement.

Le jeudi soir, la discussion entre le grand industriel et Patrick Artus, conseiller économique de Natixis, a ouvert le bal de ces rencontres en abordant la complexe question des fragilités impactant l’économie (nationale et mondiale). Les « deux complices de dialogue », comme les a nommé Jean-Christophe Ploquin le médiateur de cette rencontre et rédacteur en chef de La Croix, ont exposé leur vision et argumenté leur point de vue sur ces vulnérabilités.

La fraternité comme solution à la vulnérabilité économique

L’ancien dirigeant d’entreprise et co-président de la Fabrique de l’industrie a rappelé que « Depuis la Covid, 500 000 personnes de plus en France sont passées sous le seuil de pauvreté. » (moins de 1063€ net par mois).

L’Hexagone compte aujourd’hui 14,6 % de sa population dans une situation de pauvreté. Ce qui représente 9,2 M de personnes. Et pourtant, le pays a l’un des taux de pauvreté les plus faibles de l’Union européenne et du monde. Néanmoins, les Français sont extrêmement sensibles à cette question de précarité sociale et économique comme l’a démontré le sondage de l’institut ODOXA réalisé spécialement à l’occasion de cette première édition des Journées de l’UCLy.

Pour Louis Gallois « les solutions face à ses fractures passent par la fraternité. » À la question des acteurs et dispositifs à mettre en mouvement, Patrick Artus propose « l’innovation. Il faut oser réaliser des projets innovants » comme par exemple « être capables de fabriquer nous-mêmes les matériels de la transition énergétique. »

Cliquez ici pour voir ou revoir la conférence de Louis Gallois et Patrick Artus

Quatre tables rondes, quatre thèmes

Le lendemain, vendredi 13 mai, quatre tables rondes se sont succédé autour des thèmes économique, social, solidaire, théologique et écologique :

  • Vulnérabilités et économie : comment les traiter et les identifier ? (voir le résumé vidéo)
  • Vulnérabilités et protection sociale : comment construire les nouvelles solidarités ? (voir le résumé vidéo)
  • Dialogue entre théologiens : consentir à la vulnérabilité.
  • Table ronde et échange : vulnérabilités, bouleversement climatique et mondialisation (voir le résumé vidéo).

Les présidents de la Chaire Vulnérabilités, Élisabeth Ayrault et Guy Sidos ont engagé les débats par ces mots d’Élisabeth Ayrault : « L’entreprise a un rôle majeur à jouer. » Auparavant Guy Sidos avait confié que « l’entreprise peut parfois être la cause, mais est souvent la solution aux situations de vulnérabilités qui sont partout. Nos vies ne sont-elles pas guidées par des actions de protection contre ces vulnérabilités ? ».

Des échanges forts et instructifs

Chaque table ronde était introduite par un témoignage d’acteur ou d’entreprise illustrant le thème abordé, et animée par des journalistes de médias partenaires (La Vie, La Croix, RCF, AEF, Lyon Décideurs). Les moments forts ont été légion durant ces échanges. En voici un résumé :

Vulnérabilités et économie :  Anne-Laure Delattre, économiste au CNRS a expliqué que « dans cette époque contemporaine, nous sommes tous vulnérables. C’est ce qu’a révélé la crise pandémique. Nous avons tous été confinés au départ dans une incapacité de mener la vie que l’on menait jusqu’à lors. »

Le président de la CCI régionale, Philippe Guérand, a été applaudi lorsqu’il est revenu sur la période pandémique et les responsabilités du chef d’entreprise fait face aux vulnérabilités : « Les entrepreneurs ont abandonné tout idée de défendre leur profit. Tous se sont mobilisés pour défendre leurs salariés et leur santé. Les salariés sont notre famille et nous nous sommes mis au service de notre famille. »

Vulnérabilités et protection sociale : Marion Véziant-Rolland directrice du Foyer Notre-Dame des Sans-Abris a souligné qu’il existe une différence entre la pauvreté des années 60 et celle d’aujourd’hui : « Avant de nombreuses personnes âgées étaient considérées comme pauvres, à notre époque ce sont les jeunes qui sont en situation de pauvreté. »

Le fondateur et directeur de l’Institut des Politiques Publiques, Antoine Bozio, considère que « 30 % des SDF français n’ont pas recours au RSA alors qu’ils pourraient prétendre à cette aide, à cause du parcours semé d’embuches pour l’obtenir. ». Le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael ajoute un peu plus tard : « La protection sociale est d’abord un point commun pour notre protection à tous. Notre réflexion sur la protection sociale aujourd’hui est de renforcer l’accès aux droits à chacun. »

Marion Véziant-Rolland a poursuivi la réflexion : « Les politiques sociales actuelles ont des failles et excluent par là même des personnes. Il faudrait avoir un regard systémique sur la situation et laisser aux personnes que l’on accompagne le choix des dispositifs selon leurs besoins. » Elle a conclu par une formule marquante : « quand on donne de l’argent aux pauvres, la bonne nouvelle c’est qu’ils savent l’utiliser ! », qui a emporté l’adhésion de la salle.

Consentir à la vulnérabilité : Mgr Olivier de Germay et le Père Olivier Artus ont convié l’auditoire à un dialogue théologique. Le Primat des Gaules a mis en exergue que « l’amour rend vulnérable » et que « l’individualisme déshumanise. Renoncer à ce désir de toute puissance est une humilité. » Par la suite, le Recteur a évoqué l’idée de relation de gratuité absolue : « donner équivaut à recevoir. »

Vulnérabilités, bouleversement climatique et mondialisation : Enfin, Elisabeth Ayrault a évoqué l’importance de l’eau et rappelé que « 70 % de l’eau douce sur la planète est consacrée à l’agriculture. Le drame est qu’elle se répartit différemment sur les territoires… » Pour l’ancienne présidente de la Compagnie Nationale du Rhône, « l’éducation est la base de la réflexion. »

La présidente d’Arvalis, Anne-Claire Vial, qui partage cette affirmation, a marqué son soutien à l’agriculture familiale en déclarant que « nous devons travailler au niveau de notre interdépendance. Nous devons avoir une action politique sur les repas scolaires pour qu’ils soient à faible coût ou gratuits, ainsi que renforcer l’agriculture familiale. Aujourd’hui en France, nous importons un fruit et légume sur deux. »

Un prix Nobel pour conclure ces Journées

Le Prix Nobel d’économie 2019 Esther Duflo a conclu ces belles rencontres depuis Boston, siège du MIT, l’université pour laquelle la Française est enseignante-chercheuse. Nous retiendrons notamment de son intervention en visio-conférence cette idée que : « Nos systèmes de protection sociale hérités de l’Angleterre victorienne sont encore empreints de ce côté violent, humiliant en attribuant des punitions pour éviter que les gens restent dans une situation précaire. ». Pour l’économiste de renom la solution est de « remettre à plat l’ensemble de l’idée de protection sociale afin de placer au centre la présomption que la vulnérabilité nous atteint tous potentiellement. La volonté de la grande majorité des personnes est de se remettre de ces chocs et de se redevenir une personne productive dès que possible. Si l’on pense ainsi, alors nous changerons notre système de protection sociale dont l’objectif ne sera plus d’exclure mais d’inclure au maximum. »

Revoir l'intégralité de la conférence d'Esther Duflo

Une deuxième édition prévue en 2024

Le Recteur a clos cette première édition en donnant rendez-vous au public pour un deuxième opus au printemps 2024. Le colloque scientifique précédant ces rencontres se déroulera à l’automne 2023 et portera certainement sur la santé et l’éducation. « La dynamique sera analogue à celle que nous venons de vivre : faire profiter le plus grand nombre d’un travail de recherche universitaire ainsi qu’établir un pont entre cette recherche universitaire et les réalités sociales diverses. »

NB : Plusieurs interventions des participants sont visibles sur le compte Twitter @JournéesUCLy. Les photos et vidéos des différentes interventions seront disponibles prochainement sur le site internet des Journées de l'UCLy

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