« Pourquoi remonter dans l’histoire quand on étudie la vie religieuse d’aujourd’hui ? »
Ce livre a été écrit pour de jeunes religieuses afin de leur donner du recul par rapport à la vie dans laquelle elles s’engagent. Pour leur donner ce recul, il est nécessaire de remonter dans le temps, de façon qu’elles puissent inscrire leur propre spiritualité parmi les autres qui existent et découvrir leurs spécificités.
« Pourquoi existe-t-il tant de formes différentes de vies religieuses ? »
Il faudrait le demander au bon Dieu !
Ce sont des produits de l’histoire. C’est-à-dire que certains de ces ordres religieux se sont créés pour répondre à de nouveaux besoins dans la société.
Par exemple au début du 13e siècle, les ordres mendiants, les franciscains et les dominicains en particulier, vont être créés dans un contexte où les villes se développent. Si l'on prend une époque plus récente, au 19e siècle, le développement de la scolarisation et des soins ont conduit à l’émergence d’un très grand nombre de congrégations enseignantes et hospitalières.
Voilà deux exemples qui montrent que ces évolutions sont le produit des changements dans la société.
« Quelles sont les particularités de la vie religieuse de notre époque ? »
La vie religieuse de notre époque a vraiment été réformée par le concile Vatican II. C’est d’ailleurs très curieusement le seul texte du concile qui comporte une action dans le titre. On dit la « rénovation » de la vie religieuse.
On veut la rénover justement pour l’adapter aux évolutions et je crois que nous avons visé deux choses. A la fois un recentrement pour chaque congrégation sur l’essentiel de sa vocation, sur son intuition originale. Et puis un rapprochement avec les gens et les évolutions de la société. Je prends un exemple tout simple : beaucoup de congrégations au 19e siècle avait une grande maison mère. Puis les choses ont changé, on a souhaité que de petites communautés aillent vivre dans les quartiers, au plus près des gens, avec un autre mode de vie, beaucoup plus simple et moins hiérarchisé, donc bien plus accueillant pour toutes les personnes qui vont les fréquenter.
« Comment les changements de mentalité d’aujourd’hui impactent-ils la vie religieuse ? »
Aujourd’hui, il faut le reconnaître, la vie religieuse traditionnelle est en crise, au moins dans nos pays. Je le vois dans mon diocèse de Moulin, où il y avait dans les années 50 pratiquement près de 500 religieuses, aujourd’hui c’est à peine quelque dizaine. Par conséquent, les congrégations religieuses présentent sur le sol français aujourd’hui sont peuplées par des religieuses venant d’ailleurs : Afrique, Asie… Il y a donc là un changement.
Autrefois, la religieuse était extrêmement présente : elle faisait le catéchisme, elle enseignait à l’école libre, elle donnait des soins en hôpitaux ou dans des dispensaires… Cela a disparu et elle fait preuve d’une présence beaucoup plus discrète, mais probablement plus proche des gens. Il y a là, au moins dans notre pays, un changement de civilisation.
Enfin, une évolution intéressante à signaler se trouve dans les communautés nouvelles où l’on voit cohabiter différents genres de vie : des célibataires, dont certains sont consacrés, c’est-à-dire des religieux, des couples, des familles, qui vont vivre une réelle vie religieuse. C’est véritablement quelque chose de neuf.
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